lundi 6 février 2012

La campagne? Quelle campagne?

  On a eu M. Sarkozy tentant de sauver l’Union Européenne (oui, je l’intègre dans la campagne, même s’il n’est pas pour le moment). On a eu M. Hollande partant en croisade contre l’Invisible Ennemi (la ci-devant finance). On a eu Mme. Le Pen … Ah non, on a pas eu, vu qu’on ne l’entend plus (remerciements chaudement adressés aux chaînes TV). Mais à dire vrai, je n’avais pas, jusqu’à présent, le sentiment de vivre une campagne électorale. Rien, mais RIEN à voir avec les discussions passionnées qui ont ponctuées mon année de terminale (si, si: je me souviens par exemple de l’entre-deux-tours, de mon professeur d’histoire inscrivant, d’humeur joyeuse, “Sarkolène s’égosille” sur le tableau, et des appels émus d’une “camarade” de classe pour voter “Ségolène-parce-que-Sarko-ce-sera-la-tyrannie”). Platitude.

  Jusqu’à ce week-end. Jusqu’à la “polémique” Guéant. M. Guéant, pour une fois bien inspiré, a dit ceci:

Contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de la gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient, celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique

  Horreur! Malheur! Une personne ose proclamer ce qui tombe sous le sens! La gauche autoproclamée “progressiste” (admirez sa vision du progrès, tout de même) se doit de réagir. Et voilà ses dignes représentants, fronçant les sourcils, tonnant sur cette “provocation pitoyable”, ce “dérapage contrôlé”, cette stigmatisation… Pour éviter le conflit, des Grands de l’autre bord du socialisme (le même que M. Guéant, par ailleurs) nuancent les propos du ministre de l’Intérieur, les précisent, ou indiquent qu’ils auraient dit différemment. Bref: pour répondre à l’accusation de relativisme, on s’affirme relativiste, sans débattre plus avant. Classique.

  Ce qui est un peu plus étonnant, ce sont les réactions de M. Mélanchon (il y voit une “détestation des musulmans”), de M. Moscovici (il croit savoir que le ministre “vise les musulmans” et “vise l’Islam”), ou du Conseil Français du Culte Musulman. On leur parle de civilisation supérieure à d’autres niant l’humanité, à d’autres acceptant la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique, et ils tirent de cela un pauvre Islam prit pour cible. Je me demande vraiment comment telle chose a pu se concevoir dans leur esprit… Vraiment…

  Dans le même genre, on a la Ligue des Droits de l’Homme, qui considère que les propos sont “une étape supplémentaire vers l’ignoble”. Défendre la liberté, l’égalité et la fraternité, c’est cela, l’ignoble… Proclamer qu’une civilisation respectant les droits de l’homme est plus avancée qu’une autre les ignorant est ce que la Ligue des Droits de l’Homme considère comme étant ignoble. Je ne sais pas si c’est partagé, mais moi, des gens comme ça, j’ai une folle envie de les envoyer en stage en Arabie Saoudite, et de les regarder prêcher dans ce haut lieu de la civilisation que “tous les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en droits”…

  Pour ma part, je n’ai pas de honte à parler de la Civilisation avec un C majuscule, à la classer un poil plus haut que les autres civilisations, et à l’opposer à la perversion qui l’affecte (le socialisme). Je ne me sens, pour autant, ni “raciste” (je ne vois pas comment je pourrais), ni xénophobe, ni islamophobe (vu qu’en fait je me contrefout des religions des autres). Et ce n’est pas la sortie de M. Guéant qui va me faire voter pour son courant cette année (précision: il s’agit toujours de séduire tel ou tel électorat, comme si l’électorat était une marchandise bien quantifiée et pouvant se reporter aussi facilement…).

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