dimanche 13 décembre 2009

Beuark!

  Je déteste aller sur des sites internet par inadvertance. Surtout quand ces sites émanent d'une quelconque personne publique pour louer les mérites de telle ou telle action dont on se fiche pas mal. Ce jour, j'ai fait malgré moi la connaissance des "Maisons de la Région Languedoc-Roussillon à l'International". Qu'y découvre-je? Une présentation sommaire:

Le président de la Région Languedoc-Roussillon, à son arrivée à la présidence du Conseil Régional en 2004, fait le constat suivant : notre Région, malgré des atouts économiques certains, vit repliée sur elle-même et manque cruellement de rayonnement à l'international.

Génial: me voici sur un site qui va louer les faits et gestes de M. Frêche. Poursuivons:

Formé au développement économique, le Président décide alors de sortir la Région Languedoc-Roussillon de son isolement et de donner au tissu économique régional les moyens de ses ambitions et ce alors que la mondialisation est désormais une réalité économique tangible. Ces maisons de la Région Languedoc-Roussillon sont alors définies comme de véritables points d'appui pour nos entrepreneurs et acteurs économiques régionaux afin de favoriser leur déploiement à l'étranger. Un point d'appui à la fois commercial, logistique, et promotionnel pour aborder les différents marchés du pays. Aujourd'hui ces maisons sont à la disposition des entrepreneurs et des entreprises du Languedoc-Roussillon : ce site vous donne les clefs pour ouvrir leurs portes...

  Georges Frêche en sauveur de la Région, un discours qui sent bon le bavardage pédant et difficilement compréhensible bourré de mots étranges pour laisser croire que nous sommes en face de vrais pros, ainsi qu’une chute “boule de cristal”. Regardons maintenant les missions: accueil des entreprises régionales intéressées par la démarche export (l’exportation suffisait), veille économique et recherche d’opportunités pour les entreprises locales, communication institutionnelle et économique auprès des organismes officiels chargés du développement économique (en d’autres termes, lobbying), opérations de communication de l’agence “Sud de France”… Mais c’est quoi, “Sud de France”? Réponse (en français dans le texte):

Sud de France Export dont le rôle est l'accompagnement des entreprises régionales à l'export se charge d'apporter son expertise des marchés et sa connaissance par filières d'activités des entreprises pour générer de l'activité au sein de maisons.  Ainsi, les maisons de la Région Languedoc-Roussillon servent de plateforme et sont utilisées par Sud de France Export sur la base de trois pôles : économique, commercial, promotionnel.

    Notez les termes ronflants… Dire que des gens ont été payés pour ça! Intéressé par le sujet, je suis allé sur le site (différent) de Sud de France Export. J’ai appris (dans “Actions”) que ces maisons (“un outil créé pour vous” ils ont oublié la mention “et payé par vous”) étaient situées à Bruxelles, Milan, Shanghai, Londres et New-York. J’ai poursuivi sur Google. Après un tas de pages, je suis tombé sur un papier de l’UMP, “Le livre noir des régions socialistes” (il ferait mieux de plancher sur le “Livre noir de la politique de nos cadres”). Apparemment, d’après une enquête de Capital de juillet 2008:

il y a peu d'affluence :
Milan 5 visiteurs par jour
Bruxelles 0 visiteur par jour
Shanghai 5 visiteurs par jour
Londres 5 visiteurs par jour
  L’article titrait même : « Des ambassades coûteuses
et peu fréquentées ». Coûteuses, c’est
un euphémisme ! Le loyer moyen pour chaque
maison est estimé à 350.000 euros. Sans compter
les salaires des personnels, frais d’entretien,
etc.… Le budget pour 2009 des 5 maisons
en place s’élève à 6 millions d’euros que le
contribuable paye, soit 25.000 euros par jour
pour une vingtaine de visiteurs.

  Si vous étiez en quête d’une explication à la dérive des finances publiques, collectivités territoriales comprises, vous l’avez trouvée. Il suffit de multiplier le cas (la Région créé un outil génial pour vous, parce que vous êtes trop bête pour vous passer de nous) par 22. Puis, en tenant compte de ce résultat, par le nombre de départements (les élus départementaux étant eux aussi friands de la manœuvre). Enfin, par le nombre de commune (les communes adorant se substituer aux citoyens). C’est cool, non?

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