mercredi 23 décembre 2009

L’émission en question

http://www.lcpan.fr/emission/78426/video

Une émission des plus intéressantes

  C’était une émission de la série “ça vous regarde” sur LCP-AN, consacré à un débriefing concernant le sommet de Copenhague. Etaient présents Serge Grouard, député-maire UMP d’Orléans, membre de la commission Développement durable (et accessoirement voix du gouvernement au sein du débat, même inconsciemment); Philippe Martin, député PS du Gers, et en charge du développement durable au sein du groupe socialiste; l’infâme (vous comprendrez pourquoi) Sandrine Mathy, présidente du Réseau Action Climat et chargée de recherche au CNRS en matière d’économie de l’environnement; et enfin Vincent Courtillot, scientifique sceptique hué et dénoncé parce que divergent. Extraits.

Vincent Courtillot: “Le rapport Stern est très contesté, [la partie scientifique comme la partie économique] par d’autres économistes aujourd’hui minoritaires mais qui existent. On parlait consensus tout à l’heure; un de vos internautes disais: “est-ce qu’on peut vous mettre d’accord?”. Justement attention. Le consensus n’est pas le fonctionnement en science, c’est le fonctionnement dans la vie citoyenne

interruption indélicate de Mme Mathy: “En tout cas, M. Courtillot, c’est le fonctionnement du GIEC.

- Oui, et c’est une immense faute.

- (dans le même temps, elle poursuit) c’est le fonctionnement du GIEC.

- C’est pour cela qu’il ne marche pas!

- Comment ça il ne marche pas?!

- Et bien je vais vous l’expliquer, si vous me laissez le faire.

  Le présentateur intervient: Pourquoi le consensus, parce qu’il… (pas de fin)

- Je reprends cet exemple que j’ai repris plusieurs fois: toutes les grandes découvertes du XXe siècle, si vous leur aviez appliqué un processus de type GIEC, on aurait mis pour avoir de la part de ce groupe des meilleurs scientifiques du monde dont la qualité n’est pas remise en cause entre 10 et 60 ans pour arriver à la vérité. Le consensus est une notion qui ne permet pas d’arriver rapidement à la vérité scientifique.

- le présentateur: Pourquoi vous soufflez, Philippe Martin?

- (réponse de l’intéressé) Parce qu’on ne peut pas avoir de consensus avec cet homme là, et donc je lui donne raison! (rires)

- (Courtillot poursuit) Le débat scientifique est quelque chose d’important, et donc ma réponse à l’internaute c’est oui …

- (nouvelle coupure de Mme Mathy): Mais le débat scientifique il a lieu dans l’enceinte du GIEC.

- Ce n’est pas exact, le débat scientifique n’a pas tout à fait lieu dans l’enceinte du GIEC, il a en partie lieu. Il a été démontré récemment qu’un certain nombre de gens qui étaient des opposants ont été éliminés à divers stades de la fabrication du rapport; le gros rapport scientifique dont j’ai un exemplaire et qui fait à peu près un millier de pages comprends encore quelques traces des gens qui protestent; le rapport final, c’est fini (“ça a été effacé”, mais là je doute un peu vu que la réponse est fort peu audible)

- le présentateur tente de recadrer le débat: Vincent Courtillot, il faut rebâtir le système? Messieurs les politiques? On voit que l’outil onusien ne marche pas, le GIEC est contesté

- énième interruption de Mme Mathy (visiblement énervée): Non, alors là je ne peut pas accepter, le GIEC n’est pas contesté. Par contre, effectivement, si on continue à inviter dans les médias des personnes comme M. Courtillot, pour lequel je suis désolé, mais aujourd’hui, il y en a trois en France qui contestent les conclusions du GIEC, et ils ont une place complètement démesurée, complètement démesurée... Je trouve cela inacceptable.(elle hausse la voix, M. Courtillot souhaitant répondre) Aujourd’hui, on est là pour faire le bilan…

- réponse de M. Courtillot (c’est fou comme tout le monde se coupe la parole): Pendant trois ans, on a pas pu parler, on a pas pu publier, […] on a pas pu s’exprimer. Depuis trois mois, il y a un intérêt réel pour nous laisser la parole et écouter le débat, y compris un intérêt réel des scientifiques: je viens de passer une semaine à San Francisco, je m’inscrit en faux de ce que vous dites, il y a de nombreux… [pendant ce temps, M. Grouard parle: il y a un intérêt de certains acteurs de faire douter de la réalité du réchauffement climatique.] … Non non non, je viens de discuter avec des collègues scientifiques [ des collègues scientifiques ça ne veut pas dire grand chose, il y a aujourd’hui… (brouhaha) On ne peut pas remettre tout en cause comme ça, c’est pas possible].

  Après un bref moment où deux personnes parlent en même temps ce qui rend le tout incompréhensible:

- VC: Vous ne savez pas ce que je vais dire!

- SG: Si je sais très bien parce que je sais ce que vous écrivez, et je ne comprends pas pourquoi vous cherchez à accréditer l’idée que finalement le réchauffement climatique n’est pas si avéré que cela .

- VC: C’est faux! je n’ai jamais dit ça! Mensonges!

- SG: Oh bien écoutez ça se voit partout! En tout cas certains… (je n’ai pas compris le reste)

- VC: Mensonges! ça prouve que vous n’avez pas compris ce que vous avez lu! J’ai toujours dit que le réchauffement climatique était incontestable, vous venez de dire un truc faux.

- SG: Oui, et le réchauffement climatique pour vous est dû à quoi?

- VC: Il est dû au Soleil principalement.

- SG: Voilà!

- interruption du présentateur. Plus tard, à la question “quand vous voyez un climato-sceptique, vous vous dites quoi, vous dites que c’est dangereux, que ça remet en question les efforts que vous faites?”, initialement posée à Philippe Martin,  Mme Mathy répond:

- “Je trouve que c’est très dangereux, oui, parce que regardez on ne parle pas du bilan de Copenhague, on parle d’autre chose.

Le reste du “débat” est de la même veine. Edifiant. Déprimant. Et éclairant.

mardi 15 décembre 2009

Besoin d'aide et de conseils...

  Je suis bloqué. Fin novembre, j'ai croisé (rue du Gros, rien de très étonnant) un militant qui était sincèrement attaché à ses idées (c'est touchant). Ce dernier fustigeait le sommet de Copenhague à venir, ce qui m'a intéressé. Il demandait aussi le retour de la monnaie métallique. OK. MAIS il me parlait, dans le même temps, de services publics, de protection sociale, de "but d'une nation", de protectionnisme, d'intervention publique, de vilains ultralibéraux, de dignité humaine... I'm lovin'it. Malgré une argumentation de qualité de ma part, le sincère militant n'en a pas démordu, et ce même s'il aboutissait à une contradiction (il critique le libéralisme triomphant tout en admettant que les banques centrales ont un monopole et que des interventions massives de l'Etat existaient, par exemple).
J'ai quand même réussi à lui taxer 3 publications en lui disant que j'étais pauvre (ce qui est VRAI), 3 publications aux titres évocateurs ("LaRouche: quatre puissances pour vaincre l'Empire britannique"; "Faut-il délocaliser Sarkozy?"...). J'ai pourtant commis l'irréparable: j'ai donné mon numéro de portable en précisant BIEN de ne pas m'appeler avant longtemps (parfois, je me dis que ma politesse est à sens unique...). J'entendais une bonne année. Il a compris un mois. C'est pourquoi il vient (à l'instant) de m'appeler, en pleine préparation de mon dîner (poulet-patates-cookies). L'alerte était intéressante: les Copenhaguiens vont mettre sur la table des mesures malthusiennes! Il faut agir! (Certes, mais Malthus = protectionnisme et vision étriquée... comme lui). Du coup il m'a reproposé de m'abonner à son "journal". Réponse polie (comprendre ajournement à janvier, il était tard et j'avais autre chose à faire que d'argumenter -> manger).

  Je pose donc une question: lorsque le type me rappellera en janvier, que puis-je dire qui ne soit trop rude, impoli, mais qui ne se solderait pas par un abonnement à la publication bimensuelle d'une feuille de choux d'un mouvement étatiste et protectionniste? I need help.

  Si vous voulez connaître le mouvement, site:
- le site "mère" des nouilles anti-britanniques et protectionnistes et antilibérales (attention, la lecture prolongée peut s'avérer TRES irritante). J'ai un nouveau slogan pour eux: "éteignons, éteignons donc les Lumières".

lundi 14 décembre 2009

Désobéissance fiscale

Jean-François Lovisolo, maire PS de La Tour d’Aigues et premier secrétaire du parti dans le Vaucluse, veut exonérer ses administrés de l’impôt sur le revenu.Pour dénoncer le caractère injuste de cette contribution? Pour lutter contre la spoliation fiscale française? Non, rien d’aussi libéral. C’est pour “mettre l’Etat dans la situation dans laquelle il nous a mis”. Très noble. Nous sommes là face à un édile qui, comme de nombreux autres, tremble à l’idée de perdre près de 40% de ses recettes fiscales. Pauvre cacique, il ne pourra plus financer les somptueux projets nécessaires à la renommée de son auguste commune. Selon lui, et je partage ce point de vue, les ménages ne doivent pas payer les pots cassés (par contre, il doivent s’acquitter de leurs impôts locaux, sans quoi…). J’ai une solution pour lui; elle consiste en l’application d’un principe concis, exprimé en trois mots: faire des économies. Mais quand je dis ça, j’entre dans la fiction. Un élu local qui ferait des économies…

  M. Lovisolo n’entend en fait pas réellement exonérer ses administrés d’impôt sur le revenu; il ne cherche qu’à susciter une prise de conscience en défiant l’Etat (le malheureux! Il n’est pas de taille!). Il va donc faire prendre par son Conseil municipal une résolution dans ce sens, consommer de l’énergie, du papier, du chauffage, faire exercice de ses pouvoirs de façon illégale, tout ceci pour… rien en fait. Dommage, j’aurais bien aimé suivre cette expérience de désobéissance fiscale – pas pour les mêmes raisons que M. le maire, cependant.

Intervention inutile: je viens d’apprendre qu’une loi du 26 Brumaire An IX (17 novembre 1800), modifiée en 1892 et 1909, prohibe le port du pantalon pour les femmes sauf pour faire du cheval ou du vélo et sauf autorisation accordée par la préfecture de police (au vu d’un certificat d’un officier de santé). Ce que l’on considère aujourd’hui comme une intervention législative complètement stupide servait à l’époque à préserver la dignité de la femme. C’est au final le même principe que la burqa, non?

dimanche 13 décembre 2009

Beuark!

  Je déteste aller sur des sites internet par inadvertance. Surtout quand ces sites émanent d'une quelconque personne publique pour louer les mérites de telle ou telle action dont on se fiche pas mal. Ce jour, j'ai fait malgré moi la connaissance des "Maisons de la Région Languedoc-Roussillon à l'International". Qu'y découvre-je? Une présentation sommaire:

Le président de la Région Languedoc-Roussillon, à son arrivée à la présidence du Conseil Régional en 2004, fait le constat suivant : notre Région, malgré des atouts économiques certains, vit repliée sur elle-même et manque cruellement de rayonnement à l'international.

Génial: me voici sur un site qui va louer les faits et gestes de M. Frêche. Poursuivons:

Formé au développement économique, le Président décide alors de sortir la Région Languedoc-Roussillon de son isolement et de donner au tissu économique régional les moyens de ses ambitions et ce alors que la mondialisation est désormais une réalité économique tangible. Ces maisons de la Région Languedoc-Roussillon sont alors définies comme de véritables points d'appui pour nos entrepreneurs et acteurs économiques régionaux afin de favoriser leur déploiement à l'étranger. Un point d'appui à la fois commercial, logistique, et promotionnel pour aborder les différents marchés du pays. Aujourd'hui ces maisons sont à la disposition des entrepreneurs et des entreprises du Languedoc-Roussillon : ce site vous donne les clefs pour ouvrir leurs portes...

  Georges Frêche en sauveur de la Région, un discours qui sent bon le bavardage pédant et difficilement compréhensible bourré de mots étranges pour laisser croire que nous sommes en face de vrais pros, ainsi qu’une chute “boule de cristal”. Regardons maintenant les missions: accueil des entreprises régionales intéressées par la démarche export (l’exportation suffisait), veille économique et recherche d’opportunités pour les entreprises locales, communication institutionnelle et économique auprès des organismes officiels chargés du développement économique (en d’autres termes, lobbying), opérations de communication de l’agence “Sud de France”… Mais c’est quoi, “Sud de France”? Réponse (en français dans le texte):

Sud de France Export dont le rôle est l'accompagnement des entreprises régionales à l'export se charge d'apporter son expertise des marchés et sa connaissance par filières d'activités des entreprises pour générer de l'activité au sein de maisons.  Ainsi, les maisons de la Région Languedoc-Roussillon servent de plateforme et sont utilisées par Sud de France Export sur la base de trois pôles : économique, commercial, promotionnel.

    Notez les termes ronflants… Dire que des gens ont été payés pour ça! Intéressé par le sujet, je suis allé sur le site (différent) de Sud de France Export. J’ai appris (dans “Actions”) que ces maisons (“un outil créé pour vous” ils ont oublié la mention “et payé par vous”) étaient situées à Bruxelles, Milan, Shanghai, Londres et New-York. J’ai poursuivi sur Google. Après un tas de pages, je suis tombé sur un papier de l’UMP, “Le livre noir des régions socialistes” (il ferait mieux de plancher sur le “Livre noir de la politique de nos cadres”). Apparemment, d’après une enquête de Capital de juillet 2008:

il y a peu d'affluence :
Milan 5 visiteurs par jour
Bruxelles 0 visiteur par jour
Shanghai 5 visiteurs par jour
Londres 5 visiteurs par jour
  L’article titrait même : « Des ambassades coûteuses
et peu fréquentées ». Coûteuses, c’est
un euphémisme ! Le loyer moyen pour chaque
maison est estimé à 350.000 euros. Sans compter
les salaires des personnels, frais d’entretien,
etc.… Le budget pour 2009 des 5 maisons
en place s’élève à 6 millions d’euros que le
contribuable paye, soit 25.000 euros par jour
pour une vingtaine de visiteurs.

  Si vous étiez en quête d’une explication à la dérive des finances publiques, collectivités territoriales comprises, vous l’avez trouvée. Il suffit de multiplier le cas (la Région créé un outil génial pour vous, parce que vous êtes trop bête pour vous passer de nous) par 22. Puis, en tenant compte de ce résultat, par le nombre de départements (les élus départementaux étant eux aussi friands de la manœuvre). Enfin, par le nombre de commune (les communes adorant se substituer aux citoyens). C’est cool, non?

mercredi 2 décembre 2009

Prévisible (Exception n°5)

  Le "Grand emprunt" suscite les convoitises. La commission Rocard-Juppé a rendu son verdict: il faut se concentrer sur l'"économie verte" et la "matière grise". La moitié des 35 milliards d'€ (soit 16 milliards d'€) empruntés sur le dos du contribuable ira à l'université et à la recherche... Les autres tentacules de la pieuvre étatique ministères et  représentants de lobbys s'échauffent déjà. La Culture demande 753 millions d'€ pour numériser le patrimoine historique français (l'heure est à la remise en ordre identitaire: on tente de codifier l'incodifiable, de figer une notion dynamique, à savoir l'identité de la nation, pendant qu'on expose au monde via la numérisation ce qu'un ministère - car le choix sera administratif - a certifié "patrimoine historique français". Triste époque!), le Grand Paris ne doit pas être oublié, les dirigeants de plusieurs fédérations industrielles demandent que le gouvernement attende la tenue des "Etats généraux de l'industrie" (c'est une nouvelle mode, les Etats Généraux), la Santé laisse entendre qu'elle voudrait bien profiter de quelques milliards, et je ne serais pas surpris si les Anciens Combattants demandaient une enveloppe de 2 milliards d'€...
  Bientôt, on s'attaquera dans l'arène politique (voire au sein même du gouvernement) par medium interposé pour obtenir les miettes (copieuses miettes: 19 milliards d'€, rien que ça!) de cet emprunt, en déployant toutes les ruses possibles et imaginables pour persuader l'arbitre que son projet - nécessairement d'avenir - est le meilleur. Lequel arbitre pourra opposer (dans la pratique, dès ce mois-ci) aux élus et courtisans en disgrâce une simple phrase: "ceci ne constitue pas une dépense prioritaire". Clientélisme? Non, en Ve République, il faut parler de rationnalisation, de président au-dessus des partis, de fonctionnement régulier des pouvoirs publics,...

  Comme le titre l'indique, tout ceci était prévisible. C'est ce à quoi il faut s'attendre lorsque l'Etat est obèse, lorsque les hommes et les femmes qui le servent n'ont pour seule préoccupation que de gesticuler afin de rendre "vraisemblable" leur utilité (je suis utile: j'ai pondu X lois, pris telle et telle mesure lors de mon passage au ministère. Donc élisez-moi, ou conservez moi à un poste d'importance), et lorsque les décideurs ont la fâcheuse manie de procéder à une levée d'argent avant de définir son utilisation ou même, plus basiquement, de réfléchir à sa nécessité. Cela me rappelle une phrase attribuée à Reagan (il est vrai qu'elle ne s'appliquait qu'à l'impôt. Qu'importe! Etendons la réflexion à toutes les ressources de l'Etat):
"Le gouvernement ne taxe pas pour obtenir l'argent dont il a besoin, le gouvernement trouve toujours un besoin pour l'argent qu'il reçoit".