samedi 24 décembre 2011

De la Vérité

  Bref rappel sur la Vérité. On m’a toujours enseigné que la Vérité supposait la réunion de deux critères. Pour que quelque chose soit considéré comme quelque chose de vrai, il faut que cette chose ne soit pas réfutée tout en étant pourtant réfutable. Autrement dit, l’application à la logique de la formule de Beaumarchais sur la liberté d’expression: Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur”. Il n’est pas possible d’affirmer que quelque chose est la Vérité s’il est interdit de professer une opinion dissidente à son sujet. A l’inverse, on est obligé de constater que quelque chose est vrai tant qu’aucune critique contraire n’émerge alors qu’elle a toute possibilité pour le faire. L’actualité vient nous rappeler périodiquement que la Vérité est en permanence menacée, qu’on n’a pas besoin de vivre en Corée du Nord ou à Cuba pour cela.

  On connait le mécanisme abjecte de la loi mémorielle, depuis la loi Gayssot du 13 juillet 1990: il s’agissait en l’espèce de la création d’un délit nouveau, sous l’influence de la loi pénale allemande, celui de contestation de l’existence de crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par le statut d’un tribunal militaire international de Nuremberg. L’expression est punie non pas pour ses conséquences (type trouble à l’ordre public), mais pour elle-même. Ce faisant, le législateur a créé une Vérité Officielle, non-réfutée car non-réfutable.

  Le législateur a récidivé depuis ce sinistre jour, avec la loi du 29 janvier 2001 sur la reconnaissance du génocide arménien (avec un texte qui vaut de l’or: La France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915. La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat. Comment exécuter une loi qui n’impose rien? Les voies du législateur sont impénétrables), la loi Taubira du 21 mai 2001 sur la reconnaissance de la traite négrière et de l’esclavage comme crime contre l’humanité, et la loi du 23 février 2005 sur la présence française outre-mer.

  Ces trois lois ont constitué une sérieuse brèche dans la voie vers la Vérité, puisqu’elles ont établi ce que la République considère comme tel. Plus vicieux, elles ont prescrit des mesures à destination des programmes scolaires pour les deux dernières. Néanmoins, il était et il reste toujours possible de contester la version officielle. Il “suffit” simplement de se mettre à dos tout ce que notre pays peut compter de bien-pensants et de séides de la classe actuellement au pouvoir, et de ne pas considérer le terme “négationniste” comme une insulte. Précision: nier l’utilité ou la légitimité de ces lois est assimilé à du négationnisme.

  Conscient de ce problème, le législateur a entendu être cohérent avec lui-même. A une large majorité, l’Assemblée Nationale a adopté une proposition de loi faisant de la négation d’un génocide reconnu un délit puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000€ d’amende. Comme ça, on ne peut plus nier le génocide arménien. Ah mais!

  Du coup, Ankara peste, le Premier Ministre Erdogan s’adonne à des commentaires dignes de la cour de récréation, et notre admirable ministre des Affaires Etrangères se pose en homme de raison appelant à une diminution de la tension. Ce genre de chose, en réalité, on s’en fiche un peu, l’essentiel est ailleurs. Il est dans la suppression du caractère réfutable de la vérité qu’est le génocide arménien. Ce qui est nocif pour cette vérité (qui perd alors ce statut), pour la Vérité , pour la notion de génocide (n’est donc un génocide que ce que la loi reconnaît comme tel?) et pour le Savoir en général (puisque l’Etat peut fixer ce qui est vrai, la classe au pouvoir est seule détentrice du Savoir, et peut se réserver la possibilité de sévir contre toute critique quelque soit le sujet. Cette dérive était déjà présente avec le monopole public qu’est l’Education nationale, et elle se renforce de décennies en décennies).

  C’est une triste période pour la France. Le Parquet s’y mue en Inquisition, traquant les vices et imposant une vérité qui perd tout crédit. Avec un peu de (mal)chance, dans quinze ans, il y sera illégal de prononcer une opinion climato-sceptique (et de fumer).

dimanche 11 décembre 2011

En parlant de Royaume-Uni

  Très intéressant "sondage" du Figaro: "Le Royaume-Uni a-t-il encore sa place en Europe", avec 81,7% de crétins qui ont répondu "non". Et qui de fait, confondent Union Européenne (54 ans si l'on comprend la CEE) et l'Europe (qui est beaucoup plus large, géographiquement et historiquement...).
  ... ... Comme si, pour "mériter sa place en Europe", il fallait dire comme tout le monde sans se poser une seule fois la question de la pertinence et de l'intérêt.

samedi 10 décembre 2011

Moi j’aime bien le Royaume-Uni.

  Que j’aurais aimé être britannique ce matin. J’aurais pu ressentir une forme de fierté à la vue de mon Premier ministre rejetant un accord idiot mettant en péril la prospérité de ma nation. Quitte à supporter la phase de bashing médiatique subséquente ("Perfide Albion qui fait rien qu’embêter l’Europe depuis 1973”)

  Mais non. A la place, je suis français, et je dois supporter la réjouissance de mon président. De quoi se réjouit-il, tiens?

  D’un accord. Certes, il est toujours agréable de voir que la proposition qu’on a formulé est adoptée par tous ou presque. Mais la teneur de l’accord n’incite pas, mais alors pas du tout, à la fête.

  • Les sanctions automatiques

  Prenons l’idée de sanctions automatiques. C’est décidé, les sanctions seront automatiquement déclenchées en cas de dépassement d'un seuil de 3% du PIB de déficit public et de 60% du PIB d’endettement public.

  Pour rappel, les Etats de la zone Euro avaient l’obligation de présenter chaque année un programme de stabilité, permettant au Conseil Ecofin de faire des recommandations, éventuellement publiques. De plus, en cas de déficit public excessif (supérieur à 3% du PIB), le Conseil Ecofin avait l’opportunité de prendre des sanctions, après recommandations à l’Etat concerné. En 2001, le Portugal présente un déficit budgétaire excessif, suivi en 2002 par la France et l’Allemagne. En 2004, c’est la guerre! La France et l’Allemagne ne respectent toujours pas les critères du pacte de stabilité (si, si, ça a existé), la France se montrant intransigeante. Dès juin 2003, la Commission demande à cette dernière de réduire son déficit, sous la menace de sanctions. Fin 2003, le Conseil Ecofin, de son côté, lève ses menaces de sanctions (allez savoir pourquoi), désavouant la pauvre Commission.  Paris et Berlin estiment que si la lettre du pacte de stabilité n’est pas respectée, l’esprit l’est. La Commission et d’autres Etats estiment que le respect à la lettre du pacte est nécessaire, comme toute autre règle juridique issue d’un traité ou d’un accord. La CJCE, saisie de l’affaire, décide en juillet 2004 que le Conseil Ecofin a violé les dispositions du pacte, ce qui fait craindre une reprise des procédures.

  Fort heureusement, Paris et Berlin concoctent une réforme: hors de question de se laisser piéger par des règles trop simples, voire simplistes (c’était il y a… 7 ans). Paris obtient gain de cause: les sanctions sont pas automatiques (autre rappel intéressant: le ministre des finances français, entre mars et novembre 2004, s’appelait Nicolas Sarkozy. Un cousin sans doute). Mieux: pour que les déficits soient autorisés à dépasser 3% du PIB, il suffit d’un ralentissement prolongé, et non plus d’une récession. Des délais supplémentaires sont accordés aux pécheurs s’ils mettent en oeuvre des réformes structurelles. Contrepartie: il est demandé aux gouvernements de ne plus gaspiller les (éventuels) surplus de recettes fiscales. La réforme, après une phase de bourrage de crâne médiatique, est adoptée par le Conseil européen en mars 2005.

  En 2011, les principaux artisans de l’assouplissement du pacte de stabilité en 2005, pacte simpliste, idiot, comptable et non économique, proposent de… rendre les sanctions de dépassement automatiques. Apparemment, les critiques de 2005, pointant les risques de laxisme budgétaire, se sont avérées justes. Du coup, maintenant, on AGIT, on SAUVE LE MONDE, on fait des sanctions AUTOMATIQUES. Mais…

  Mais l’Eurogroupe pourra stopper la procédure, à la majorité qualifiée. Top différence: le Conseil Ecofin, plus large que l’Eurogroupe, avait l’opportunité de prendre des sanctions, et statuait le plus souvent à la majorité qualifiée. L’Etat membre en difficultés pourra conclure avec la Commission un “partenariat pour la réforme” précisant les mesures qu’il va mettre en oeuvre pour les surmonter. La nouvelle forme des recommandations, en somme. Quant aux sanctions… L’amende n’a jamais fait peur à la France (il n’y a qu’a voir les délais de transposition), quant à la suspension de versements de fonds européens, elle peut être contournée.

Conclusion: 1. Des Etats peuvent adopter un pacte de stabilité, s’assoir dessus malgré les critiques, et ré-adopter ledit pacte en le présentant comme révolutionnaire lorsque leurs politiques de déficits ont foiré; 2. le Quai d’Orsay risque de voir se créer une direction générale “Eurogroupe”, oeuvrant pour corrompre les “partenaires” en cas de dérapage. Parce que la France, réduire son déficit, elle peut pas. Une de nos nombreuses spécificités culturelles, à égalité avec le foie gras et le beaujolais nouveau.

  • La règle d’Or

  Chaque Etat devrait adopter une règle d’or prévoyant une trajectoire de retour à l’équilibre (mais SI, vous savez, le bidule qu’on nous promet premier ministre après premier ministre depuis 2003), de préférence au niveau constitutionnel. Génial. On signe un papier, on le ratifie; le papier nous impose de prendre une mesure à valeur constitutionnelle. Que se passe-t-il si le peuple refuse par référendum, ou si la majorité des deux tiers n’est pas atteinte? On se mange une pénalité parce que le souverain a exercé sa souveraineté? Apparemment, oui: la CJUE pourrait vérifier à la demande d’un Etat ou de la Commission la transposition de la règle. Ou: comment créer un monstre. Mais un monstre gentil: apparemment, la CJUE ne porterait pas de jugement sur les budgets nationaux.

  Une réflexion me vient. Que vaudrait un personnel politique qui ferait voter une norme contraignante en matière de déficit public non pas en fonction de sa nécessité pour les finances, et donc à terme pour la prospérité des citoyens, mais par crainte des réactions d’un organisme supra-national? Rien du tout.

  Autre réflexion, liée à la première question: quelles sont les sanctions? Le gel du bénéfice du marché commun? L’invasion? Je ne vois pas de sanctions autres qu’internes. Et en la matière, les Etats font la pluie et le beau temps. Bref, la règle d’or pour tous, issue d’un accord, ne sert à rien. (Ce n’est pas un plaidoyer pour son absence, bien au contraire).

  • La relative protection du secteur privé en cas de défaut

  Sûr, cela va nous sortir de la crise de la dette. Cela devrait “inciter le secteur privé à ne pas bouder les obligations d’Etat”. Logique: un investisseur va se ruer pour acheter votre dette, si vous lui promettez que le contribuable paiera au final. C’est purement génial: on se finance toujours par la dette d’un côté, on investi sans la moindre trace d’esquisse de risque de l’autre. Du moins, jusqu’à ce que l’argent du contribuable vienne à manquer. Mais bon: il restera toujours leurs enfants, et la planche à billet est toujours envisageable.

  Pas mal, pour un président qui s’était juré de “moraliser le capitalisme”: on lui retire tout sens de la responsabilité. Si le risque de faillite n’existe plus, on peut faire ce que l’on veut!

  • Le renforcement de la compétitivité et de la convergence

  On va mieux coordonner nos politiques économiques. Bon, une fois passée la crise de rire (“politique économique” française, c’est tordant, non?), on découvre ce que ce genre d’annonce recouvre (Noël avant l’heure): régulation financière, marché du travail, harmonisation fiscale, instauration d’une taxe sur les transactions financières, “politiques de soutien à la croissance” (celle que M. Sarkozy nous promet depuis son élection sans doute… Au fait, il est passé où, le “point de croissance” en plus?).

  • Le Mécanisme Européen de Stabilité financière

  Son lancement sera vraisemblablement avancé. C’est là qu’on comprend qu’on a tiré une carte “Chance” toute moisie… Non seulement on avance son lancement sans savoir quels seront les montants en jeux (ni, en fait, comment on va trouver de tels montants, une fois qu’on aura bien saigné l’économie, cf supra), mais en plus on se félicite de ce bidule.

  Le bidule qui va permettre aux cigales de refiler en douce, et dans l’allégresse générale, leur dette aux fourmis (enfin… fourmi, tout est relatif). Le bidule qui va forcer des Etats à emprunter à des taux inabordables pour qu’il soit financé, afin qu’il puisse mener à bien sa mission d’aider les pays confrontés à une crise de la dette. Brillant. Français.

 

  J’aurais VRAIMENT aimé être Britannique, ce coup-ci.

mardi 6 décembre 2011

Panorama des aides aux médias

  Je me suis mis en tête récemment de dresser un état des lieux des divers aides accordées par la puissance publique aux différents médias. Je les ai classées en deux grosses catégories, les aides à la presse d’une part et les aides à l’audiovisuel d’autre part. Ce panorama, s’il se veut complet, peut cependant omettre certains dispositifs: je suis comme tout un chacun soumis à des contraintes de temps et de volonté (en somme, je n’ai pas eu le courage d’aller voir jusqu’à la page 50 de Google et je me suis limité à la presse et à l’audiovisuel public). De plus, les chiffres sont essentiellement les chiffres que j’ai trouvé dans le projet de loi de finances de 2011 et dans la loi de finance de 2011. Du coup, certaines aides sont menacées à court terme de disparition du fait de leur perte d’objet, et certaines aides vont “monter en puissance”.

  Enfin, comme je ne suis au final qu’une grosse larve fainéante, j’ai résisté à l’envie de commenter ce panorama. Je suis comme ça, moi: parfois je préserve mes nerfs.

I- Les aides à la presse

  Les aides à la presse se répartissent en aides directes et aides indirectes. Ces aides répondent à trois objectifs: défense du pluralisme, développement de la diffusion et modernisation des entreprises de presse.

  • Les aides directes

Elles mêmes se répartissent en trois catégories, selon l’objectif: aides à la diffusion, aides au pluralisme, aides à la modernisation.

- réductions tarifaires de la SNCF. Créées en 1948, elles prennent la forme d’une subvention annuellement versée par l’Etat à l’”entreprise” ferroviaire, en compensation des réductions de tarifs qu’elle accorde aux sociétés de presse (terme générique lorsque je l’utilise). Cette réduction est répercutée dans les tarifs que ces dernières proposent aux éditeurs de presse pour le transport de leurs titres. Le taux de prise en charge par l’Etat est susceptible de varier d’une année sur l’autre, puisqu’il fait l’objet d’une convention signée avec la SNCF chaque année. Coût 2011: environ 5,5 millions d’€.

- aide à la distribution et à la promotion de la presse française à l’étranger. Remontant à 1957, cette aide facilite la diffusion à l’étranger des quotidiens et périodiques français “apportant une contribution significative au rayonnement de la pensée et de la culture française” (quand on connaît les titres de presse français, on ne peut s’empêcher de rire en lisant cela. On redevient rapidement sérieux quand on se demande qui décide de ce qui contribue ou non au rayonnement de notre pensée et de notre culture…). Coût 2011: 1,95 million d’€.

- aide au portage de la presse. Créée en 1998, elle est depuis 2009 accessible à tous les titres nationaux, régionaux et départementaux d’information politique et générale, et aux publications apportant “régulièrement des informations et commentaires sur l’actualité de l’ensemble des disciplines sportives” (je ne vois que l’Equipe…). Il s’agit d’une aide directe à l’exemplaire. Coût 2011: 67,9 millions d’€.

- aide au transport postal de la presse d’information politique et générale. En fait, il s’agit de compenser la neutralisation de la hausse des tarifs postaux due au “contexte de libéralisation des services postaux”. Coût 2011: 105 millions d’€.

- exonération de charges patronales pour les rémunérations des porteurs et vendeurs-colporteurs, au niveau du SMIC. Coût pour la Sécurité sociale: 14 millions d’€ en 2011, compensés bien entendu par le régime général.

- aide aux quotidiens nationaux d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires (par choix branchouille ou par nécessité vu que la publication est de type gauchiste… ajout personnel). Créée en 1986, elle vise les quotidiens dont les recettes publicitaires n’excèdent pas 25% de leurs recettes totales et qui de ce fait luttent contre l’infâme marchandisation de la pensée. Coût 2011: 9,15 millions d’€.

- aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d’information politique et générale à faibles ressources de petites annonces. Créée en 1989 et élargie en 1997, elle vise à “maintenir le pluralisme et l’indépendance” des titres visés. Coût 2011: 1,4 million d’€.

- aide à la presse hebdomadaire générale. Créée en 1996, elle veut favoriser un secteur “indispensable au pluralisme d’expression et à la cohésion du tissu économique et social”. Coût 2011: 1,42 million d’€.

- aide au développement des services de presse en ligne. Créée en 2009, elle succède à un dispositif mis en place en 2004. Elle prend la forme de subventions et d’avances remboursables. Coût 2011, dernière année d’existence en théorie: 18 millions d’€.

- aide à la modernisation des diffuseurs. Cette subvention créée en 2004 vise à aider les diffuseurs à rénover leur espace de vente ou à “optimiser leur gestion des produits de presse”. L’aide va jusqu’à 40% du total (hors taxes, il ne faudrait pas déconner non plus) des dépenses prises en compte (je n’ai pas eu le courage de regarder ce que ceci recouvrait). Coût 2011: 10 millions d’€.

- aide à la modernisation de la distribution de la presse quotidienne nationale. Coût 2011: 18 millions d’€, essentiellement pour Presstalis, nouveau nom des NMPP.

- aide à la modernisation de la presse quotidienne d’information politique et générale. Créée en 1998, elle permet le financement de projets de modernisation des entreprises de presse. Coût 2011: 20 millions d’€.

- aide à la modernisation sociale de la presse quotidienne d’information politique et régionale. Je ne sais pas ce que cela veut dire, mais je sais que ça a coûté 27,6 millions d’€ en 2011.

  • Les aides indirectes

- taux réduit de TVA. Réservé jusqu’en 1977 aux quotidiens, il apparemment a été étendu à tous les périodiques en 1989. Les publications de presse sont imposées à hauteur de 2,1% (1,05% dans les DOM-COM). Les travaux de composition, d’impression, de fourniture d’information par les agences de presse sont soumis à un taux de 5,5%. Les recettes publicitaires, cependant, sont soumises au taux normal. ATTENTION ces chiffres ne prennent pas en compte une éventuelle augmentation du fait des plans de rigueur super-rigoureux du gouvernement. Dépense fiscale estimée à au moins 200 millions d’€.

- régime spécial des provisions pour investissement. Initialement prévu jusqu’au 31 décembre 2006, il a été étendu et prorogé jusqu’en 2010 puis jusqu’en 2011. Coût: inconnu pour moi.

- réduction d’IS pour les entreprises entrant dans le capital des entreprises de presse éditant des publications d’information politique et générale. Elle est égale à 25% du montant des sommes versées au titre des souscriptions en numéraire au capital.

- exonération de la cotisation foncière pour les entreprises, éditeurs et agences de presse.

- régime dérogatoire des taux de cotisation SS des vendeurs-colporteurs et des porteurs de presse. Ceci est couplé à l’exonération de charges patronales évoquée plus haut. Le montant est assis sur une assiette forfaitaire égale à 4% du plafond journalier de la SS.

- modalités spéciales de calcul des cotisations sociales des journalistes. Un abattement de 20% est appliqué au taux de cotisations SS dues par les entreprises de presse au titre de l’emploi des journalistes. Les journalistes “professionnels” peuvent bénéficier d’une déduction forfaitaire spécifique pour frais professionnels, calculée selon un taux de 30% dans la limite de 7 600€ par an.

- statut des correspondants locaux de presse. Lorsque leur revenu est inférieur à 15% du plafond de la SS (j’ai trouvé 440€ par mois), l’affiliation aux régimes sociaux est facultative. Lorsque leur revenu est supérieur mais inférieur à 25% de ce même plafond (j’ai trouvé 735€ par mois), l’affiliation est obligatoire mais l’Etat prend en charge 50% des cotisations d’assurance maladie, de maternité et de retraite.

II- Les aides à l’audiovisuel public

-  Les aides à France Télévisions proviennent des avances qui lui sont accordées, représentant 2,1 milliards d’€, et de l’affectation d’une partie des ressources de la Contribution à l’Audiovisuel Public (pour compenser la perte de ressources publicitaires), soit 389,9 millions d’€ en crédits de paiement. L’ensemble du financement public s’approche donc de 2,5 milliards d’€.

-  Au titres des avances à l’audiovisuel public, Arte France reçoit 257,76 millions d’€, en plus bien entendu de son capital détenu par des entités publiques. Pour rappel, Arte France est détenue à 25% directement par l’Etat (Arte France, c’est régalien…), à 45% par France Télévisions, à 15% par Radio France et à 15% par l’INA. Arte France détient la moitié d’Arte.

- Plusieurs sociétés, qui ne bénéficient pas directement d’aides étatiques, jouissent cependant de capitaux publics. Ainsi Canal France International, Planète Thalassa, Mezzo, International Création Vidéo… Selon moi, les capitaux détenus par une entreprise elle-même publique ne peuvent pas être qualifiés de capitaux privés.

- L’INA, EPIC voué à l’archivage et au partage de toutes les productions radiophoniques et télévisuelles françaises, reçoit 96,6 millions d’€ au titre des avances à l’audiovisuel public. On peut se demander, au passage, la raison qui a poussé l’INA à figurer dans le capital d’Arte France… Elle ne saute pas aux yeux, si on se focalise sur ses deux missions.

- L’Audiovisuel Extérieur de la France, holding qui regroupe les participations de l’Etat dans différentes sociétés liées à l’action audiovisuelle extérieure, est aidée par une dotation du budget général de l’ordre de 200 millions d’€ par an et par des avances de l’ordre de 120 millions d’€. L’AEF (ça ne s’invente pas) fédère Radio France International et France 24, et détient des participations dans TV5Monde.

- Radio France, SA à capitaux publics (moi, j’appelle ça une entreprise publique, tout simplement) qui est à la radio ce que France Télévisions est à la télévision, voit son chiffre d’affaire assuré à 89,1% par l’Etat, via les avances à l’audiovisuel public, soit environ 600 millions d’€.

- Enfin, l’expression radiophonique locale est subventionnée à hauteur de 29 millions d’€, répartis entre la subvention à l’installation, la subvention d’équipement, la subvention d’exploitation et la plus marrante, la subvention sélective à l’action radiophonique.

samedi 3 décembre 2011

L’anti-racisme et la cohérence

  Je viens de retrouver des passages intéressants tirés des Opuscules sur l’histoire de Kant. Et je m’étonne de ce que cet ouvrage soit encore disponible à la vente. La preuve que les anti-racistes préfèrent agresser Tintin au Congo (qui a sans doute plus de succès) et Patrick Besson (s’il avait imité l’accent de Marchais il aurait été tranquille) plutôt que de sortir de la facilité et demander la censure d’écrits plus anciens (ce qui aurait le mérite de la cohérence; on voit mal pourquoi s’en prendre à Tintin et pas à Kant, tout de même).

« Ainsi donc, les Nègres et les Blancs ne sont pas des espèces différentes d’hommes (car ils appartiennent vraisemblablement à une seule et même souche), mais ils sont néanmoins de deux races distinctes, parce que chacune d’elle se perpétue sous toutes les latitudes, et que toutes deux par croisement donnent nécessairement des enfants métissés ou bâtards. »

« Je crois qu’il suffit d’admettre seulement quatre races, pour pouvoir dériver d’elles toutes les différenciations que le premier coup d’œil permet de reconnaitre et qui se perpétuent. Ce sont : 1. La race des Blancs. 2 La race des Nègres. 3. La race des Huns (Mongols ou Kalmouks). 4. La race des Indiens (ou Hindoustans). »

« L’extrême chaleur humide du climat chaud doit au contraire, agissant sur un peuple installé depuis assez longtemps sur son sol pour s’y être adapté complètement, avoir des effets qui sont tout à l’opposé des précédents. Il se sera produit exactement le contraire des caractéristiques du type kalmouk. La croissance des parties spongieuses du corps dut être plus accentué dans un climat chaud et humide : ainsi, le nez retroussé, les lèvres lippues. La peau dut se faire huileuse, non seulement pour limiter une forte évaporation, mais aussi pour se protéger contre l’absorption nocive des humidités putrides de l’air. L’excès des particules de fer que l’on trouve par ailleurs dans n’importe quel sang humain, excès compensé dans le cas qui nous occupe par le dégagement d’acide phosphorique (ce qui fait que tous les Nègres sentent cette mauvaise odeur) dans la substance rétiforme, cause leur noirceur transparente au travers de l’épiderme ; et de plus, la teneur élevée de leur sang en fer semble nécessaire aussi pour prévenir l’amollissement de toutes les parties. L’huile de la peau qui affaiblit le cuir nourricier nécessaire à la croissance de la chevelure permettait tout juste la production d’un duvet laineux qui recouvre la tête. […] Bref, c’est ainsi qu’on voit apparaître le Nègre qui est bien adapté à son climat, à savoir fort, charnu, agile ; mais qui, du fait de l’abondance matérielle dont bénéficie son pays natal, est encore paresseux, mou et frivole. »
   …

vendredi 11 novembre 2011

La crise, mais pas pour tout le monde

  Les élus sont des créatures insupportables. Conscientes du fait que l’on pourrait très bien se passer d’elles dans la plupart des domaines, elles répondent à cela par une avalanche de projets inutiles censés vous rendre admiratifs devant leur génie. En la matière, les élus locaux ne sont pas différents des élus nationaux. Ils partagent avec ces derniers ces derniers la ridicule attitude consistant à se sentir investis d’une mission: ils “doivent” diminuer l’appétit des classes moyennes pour les maisons avec jardin, ils doivent repenser les déplacements, ils doivent aménager, ils doivent… Bref, de véritables parents de substitution.

Exemple 1: la campagne de thermographie aérienne de l’agglomération d’Evreux (on appelle cela “Grand Evreux Agglomération” maintenant, c’est plus pompeux mais pas français). Pourquoi? Parce que “les élus, soucieux d’intégrer le développement durable au coeur de leur politique, ont organisé cette campagne pour permettre aux habitants d’obtenir des informations sur la déperdition de chaleur de leur domicile”. Merci. Et à quoi ça sert, au fait, de payer un hélicoptère? A fournir aux habitants des informations sur la déperdition thermique, afin qu’ils puissent engager des travaux d’isolation. Pour ce faire, les conseillers de l’Espace Info Energie les guident dans leurs travaux à réaliser et les informent sur les aides financières disponibles. Sinon, on a la solution traditionnelle (bon, d’accord, franchement réactionnaire): l’habitant observe minutieusement sa facture. Si elle est déplaisante, il peut décider d’engager des travaux d’isolation, à condition de disposer du capital nécessaire (en somme, si la spoliation légale lui laisse des miettes). Point. Pas besoin de dépenser pour un hélicoptère, des affiches, de l’encre dans un magazine… Tout le monde est content, sauf l’élu et le gauchiste.

  Exemple 2: le département de l’Eure se met à la page, avec son site www.covoiturage27.net, afin de faciliter la communication entre usagers. Sinon, on avait ça: http://www.covoiturage.fr/ .

  Exemple 3: L’agglomération aide … [TADAAAAAAAAAAAA] l’hébergement touristique rural. Avec 1 000€ par lit touristique créé (dans la limite de 11 lits, faut pas déconner non plus), qui complètent les 2 000€ par lit versés par le département de l’Eure. Sinon, on a la solution traditionnelle: M. X veut créer des lits touristiques pour faire du profit, il utilise son bas de laine ou l’argent prêté par la banque, et n’est pas taxé plus que de raison par les autorités publiques. Si ça foire, tant pis, si ça foire pas, tant mieux. Fin de l’histoire.

  Exemple 4: “Le compostage, c’est à tout âge” (ça ne s’invente pas!). Le Programme Local de Prévention des Déchets entend équiper 3 300 foyers d’ici 2014 avec un… composteur en pin non-traité d’une capacité de 400 Litres, produisant du fertilisant. Pour ce faire, il faut payer 10€ (ah les pourritures d’infâmes capitalistes!), 43€ étant mis à la charge de l’agglomération et de l’ADEME, et signer une “Charte de Bonne Utilisation”. Vivre dans une municipalité et une agglomération de gauche, c’est le bonheur: le retour à la maternelle garanti. Sinon, on a la solution suivante: on laisse les gens faire ce qu’ils veulent, on ne prend pas aux uns pour financer les composteurs des autres, et on donne à tous la facture du traitement des ordures.

  Exemple 5: Le Plan de Déplacement Urbain, marqué par le renforcement des modes de transport doux (car “même si notre territoire est parfois vallonné, il faut encourager les déplacements totalement écologiques”…). En prime, il faut repenser l’usage de la voiture. Sinon, on s’abstient et on laisse encore une fois les bonnes gens choisir entre la marche à pied de 3 km, le vélo, le bus et la voiture.

  Exemple 6: Les autorités départementales réfléchissent à la manière dont elles pourraient intervenir s’agissant des problématiques liées aux incivilités des jeunes dans les communes rurales. Sinon, on a toujours: la maréchaussée. Variante: les autorités départementales contre le malaise des jeunes, ça donne des permanences dans les collèges et des débats. Sinon, on a la bonne vieille éducation: je n’ai jamais eu besoin du moindre débat ni de la moindre permanence pour ne pas toucher à la propriété d’autrui et pour travailler à l’école…

  Je vais m’arrêter là, pourtant les exemples d’aides inutiles de fromages locaux aux entreprises ou de projets technocratiques à souhait d’aménagement du territoire portés par des élus grisonnants  ne manquent pas.

jeudi 13 octobre 2011

Indignés!

Après l’Europe, c’est au tour de l’Amérique de connaître ses « indignés ». C’est la nouvelle mode: plus besoin d’être révolté, on se doit d’être indigné. Ils réclament la fin de la guerre, hurlent contre les coupes minuscules dans les budgets dits « sociaux », préconisent la solution keynésienne pour relancer l’économie, et tiennent la spoliation légale pour un idéal. Les rédactions françaises y voient l’équivalent de notre « peuple de gauche » luttant pour que l’on prenne en compte leur désir de changer les choses, d’ouvrir de nouveaux horizons en permettant un débat sur les problèmes contemporains.

Le hic, c’est que ce type de problème n’est PAS un problème contemporain, c’est toujours le vieux problème de la confusion entre le « miens » et le « tiens », entre la démocratie d’une part et les droits individuels d’autre part. Les « indignés » ont beau s’en prendre au lien (forcément incestueux) entre le monde de l’argent et le pouvoir politique : la vérité est que si les hommes d’Etat étaient dénués de tout pouvoir d’intervenir dans l’économie (c'est-à-dire de mépriser les droits d’individus au profit d’autres individus plus proches, plus visibles ou plus sympathiques), le lobbying n’aurait aucune raison d’être. Absolument aucune. Ils ont beau appeler le président Obama à écouter sa base : il l’a déjà fait, et ça n’a pas été couronné de succès pour le moment. Et ils ont beau feindre l’indignation : la morale n’approuve certes pas que 1% des plus fortunés disposant du pouvoir et des richesses dicte leur conduite et méprise les droits des 99% restants à son profit, mais elle n’autorise nullement ces 99% à s’emparer de la propriété des ultra-minoritaires. Les indignés confondent là morale et intérêt pratique à court terme (un peu comme le bandit de grand chemin).

En définitive, c’est toujours cette histoire de démocratie mal comprise qui revient sur le devant de la scène. Entre la démocratie et l’individu, il y a les droits individuels, qui font la différence entre dictature des autres et liberté. Venant de ce qui n’est finalement qu’une bande de marginaux branchouilles bien éduqués et comptant parmi les favorisés de ce monde (laissés pour compte compris), ainsi que de leurs grands parents pris de sympathie et de leurs parents qui regrettent leurs jeunes années, cela ne m’étonne pas du tout.

(J’interdis quiconque de dire que cette opinion est biaisée par mon sentiment de répulsion chronique à l’égard des foules. C’est faux. Elle l’est par mon sentiment de dégoût chronique pour les gauchistes et assimilables).

jeudi 29 septembre 2011

Prime à l’idiotie?

Suite du précédent article, bien que la polémique soit plus ancienne. M. Copé a trouvé LA solution pour resserrer les liens entre les Français et pour répondre au débat sur les nationalités multiples : forcer les jeunes Français, au cours de la très utile « JAPD » (vaste fumisterie au cours de laquelle on se demande si vous savez lire, écrire et si vous connaissez l’état des lieux s’agissant de la défense nationale, et on vous « vend » ladite défense comme le ferait n’importe quelle école de commerce, mais en moins bien), à prêter un serment d’allégeance aux armes. C'est-à-dire à promettre de combattre aux côtés de la France en cas de conflit armé. Ceci appelle plusieurs observations.

1/ Que vaut une promesse qu’on vous oblige à prononcer ? Que vaut un engagement lorsqu’on vous fait l’équivalent d’une clé de bras ?

2/ La France a-t-elle réellement besoin de cela ? Je doute qu’en cas de conflit armé dépassant l’armée de métier les sinistres créatures de l’Etat puissent me laisser le choix.

3/ Que faire de ceux qui, comme moi, refusent de prêter allégeance aux armes ? Qui rejettent avec force l’idée de promettre consciemment et à l’avance de s’embarquer dans une aventure militaire, sans rien savoir des tenants et des aboutissants, simplement parce que « la France » (ses hommes d’Etat principalement) combat ? Que les tarés de la gachette le fassent s’ils le jugent loisible, mais moi, non. J’ai l’insupportable prétention de considérer que je suis le seul qui puisse décider de la cause pour laquelle je pourrais mettre mon existence en danger ne serait-ce qu’un seul instant.

4/ (Variante de la précédente) Que faire des catholiques ? Après tout, ils représentent une menace, puisque le Christ nous a dit « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et dur les injustes» (Saint Matthieu, 5, 43-45). Vous conviendrez avec moi que promettre de les combattre est une bien curieuse façon d’aimer ses ennemis…

Pauvres hommes d’Etat, ils ne se remettent pas de la suppression du service militaire. Pour des raisons qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec la Défense nationale, d’ailleurs. Il s’agit toujours de « cohésion nationale », de « discipline », de « brassage des classes ». Navré, mais je ne vois aucun intérêt à tout cela. Pour ma part, je n’ai pas besoin de passer des semaines avec d’autres types que je ne connais pas pour ne pas m’en prendre à mon voisin et me sentir Français. Je n’ai pas besoin d’entendre une personne me hurler dessus, d’obéir aveuglément, de me lever aux aurores, pour être une personne bien élevée. Et je ne vois pas ce que connaître des « personnes d’autres classes, d’autres horizons » pourrait m’apporter per se (entre la suppression du service et maintenant, il y a le développement d’Internet, voilà pour les autres horizons).

Remarque sans aucun lien de dernière minute : sur le site du Figaro.fr, on peut lire que l’UMP dénonce une course aux promesses démagogiques au PS. Drôlerie.

La valeur d’un serment

Le serment, selon mon Larousse-80’s, est l’affirmation solennelle d’une personne, en vue d’attester la vérité d’un fait, la sincérité d’une promesse, l’engagement de bien remplir les devoirs de son état (officiers ministériels, avocats) ou de sa fonction. C’est également une promesse solennelle. Mon lexique juridique ne s’éloigne guère de cette définition.

Le serment peut être doté d’effets non-négligeables : je pense ici aux serments professionnels, au serment judiciaire, ou encore au serment d’allégeance prêté aux Etats-Unis lors de la cérémonie de naturalisation. De tels serments peuvent être requis par la loi, et s’imposer à un individu. Mais ils sont tous légitimes, du moins dans le principe (dans la forme, c’est autre chose…), parce qu’ils demeurent conditionnés. Après tout, si vous vous trouvez en situation de prêter allégeance aux lois américaines, c’est que vous l’avez bien voulu ; si vous êtes amenés à prononcer la version moderne du serment d’Hippocrate, ce n’est certainement pas par pur hasard.

En revanche, un serment rendu obligatoire pour tous les citoyens Français pose de nombreuses questions. La première est la suivante : que faire face à une personne qui refuse de prêter un tel serment (mettons, par exemple, que la spoliation légale soit érigée en valeur) ? On lui refuse la citoyenneté française pour refus d’adhérer à des valeurs qui n’en sont pas ? Le deuxième est liée : qu’est-ce qui garantit le citoyen contre un changement desdites valeurs (exemple : vous avez prêté serment de respecter les valeurs de la République, et dix ans plus tard, le serment est changé au profit d’autres choses que l’on appelle « valeurs de la République ») ? Parce qu’après tout, une valeur, dans l’esprit des politiciens, est une notion finalement très molle et très floue que l’on peut changer au regard de la prochaine échéance électorale. La troisième est une question d’ordre temporelle, elle aussi : que faire des citoyens qui sont trop âgés pour avoir prêté un tel serment ? Va-t-on leur faire l’affront de requérir une telle prestation de leur part ? Va-t-on considérer qu’ils ne sont pas concernés, eux citoyens adhérents TOUS pleinement aux valeurs de la République, alors que leurs enfants, eux futurs citoyens nécessitant une profession de foi laïque pour se comporter aussi civiquement que leurs parents, le sont ? La quatrième question tient à la valeur même du serment : que vaut un serment obligatoire et prononcé par tout le monde sans exception ? La dernière question (qui me vient à l’esprit, la liste n’est pas exhaustive) est d’ordre pratique : est-ce vraiment par un tel serment que l’on va régler le moindre problème ?

Ce type de serment est une idée ridicule. Elle part du principe que sans « certificat de civisme », le Français n’en est pas vraiment un, puisqu’il refuse d’adhérer aux « valeurs » nationales. Un principe qui fait primer la collectivité sur l’individu, qu’elle ait tort ou raison. Qui refuse d’admettre que l’adhésion à de telles valeurs puisse être normale, quasi-inconsciente, ne nécessitant pas de procédure particulière. Qui avoue, l’air de rien, qu’il faut bien expliciter ce que sont ces valeurs puisqu’on ne peut plus vraiment les observer en observant simplement la loi.

  Un serment, pour moi, a toujours été une histoire de conscience, un problème individuel d’ordre quasi-religieux. La plupart du temps, lorsqu’on l’exige de vous, c’est que l’on accorde une très grande confiance à votre sens moral. Ce genre de chose n’a rien à voir avec la citoyenneté: cela procède alors d’une forme de défiance à l’égard de ceux dont on doute de la véracité du sentiment national (s’il existe).

  Je conçois aisément que l’on puisse se sentir (très) irrité à la vue de jeunes (et de moins jeunes) Français se proclamant plus Algériens ou Marocains (ou Népalais) que Français, tout en continuant à bénéficier des avantages extraordinaires liés à leur nationalité et pouvant (rien ne dis qu’ils le font, chacun est libre de ce côté là) bénéficier de ceux liés à la citoyenneté. MAIS l’établissement d’une version moderne du certificat de civisme ne changera rien. Il va seulement transformer un engagement solennel en promesse sur laquelle il ne faut pas compter: la définition exacte du serment d’ivrogne (merci Larousse-80’s)

mercredi 28 septembre 2011

Rituel

Comme l’année passée, je vous livre le détail des “droits d’inscription”:

- Droit de scolarité: 229€ (en hausse)

- Droit de Sécurité Sociale Etudiante: 203€ (en hausse)

- FSDIE: 16€ (en hausse)

- Droit de médecine préventive: 4,57 (au même niveau que l’an dernier)

  Payer 452,57€ ne me gêne pas (une fois que j’y pense, bien entendu). Mais payer 452,57€ pour une formation à 229€, si, ça me gêne. On a beau nous servir des “Ne pas voter provoque des troubles de l’élection” et autres idioties durant les élections étudiantes: ni l’UNI, ni l’UNEF ne permettent aux étudiants d’échapper au fameux Fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes, ni de payer par eux-mêmes et indépendamment de l’université leur assurance-maladie, ni même de ne pas choisir ce qui devrait être “l’option médecine préventive”. Le tout en sachant qu’une liste libérale en Université, c’est comme un trader communiste: impossible.

Etudiantes, Etudiants, on vous ment, on vous spolie…

samedi 3 septembre 2011

Le bon gouvernement et le mauvais gouvernement

  Le président de la République se refuse, apparemment, à parler de “rigueur”. Sur ce point nous sommes d’accord: il est incorrect de considérer un gouvernement qui s’obstine à ne pas réduire la dépense publique comme étant un gouvernement rigoureux. Le plan proposé ne vise même pas à ramener les finances à l’équilibre: il ne s’agit que d’éviter un dérapage du déficit (soit un dérapage du dérapage).

  Le “plan de rigueur”, c’est une batterie de mesures tendant à augmenter les recettes. Belle idiotie, et faute lorsqu’il s’agit de transformer par la force les comportements de citoyens libres n’affectant pas autrui. Le tabac va ainsi augmenter de 6% en octobre, puis de 6% à nouveau en 2012, rapportant… 600 millions d’euros supplémentaires par an. Pour lutter contre l’obésité, le gouvernement va créer une accise spécifique en janvier 2012 sur les boissons sucrées. Objectif: 120 millions d’euros supplémentaires pour le Monopole. Mais le beurre et le foie gras sont épargnés. Une taxe sur les alcools forts devrait rapporter 340 millions de plus l’an prochain. Mais pas touche au vin, au rhum et aux “productions régionales” : il faut quand même que l’alcoolique puisse accéder à sa piquette pas chère. Seuls les consommateurs occasionnels de vodka posent des problèmes au Monopole.

  En plus de ces mesures tendant à faire de nous des citoyens vertueux et sains de corps (sains d’esprit, c’est fait, Chirac a créé la HALDE et l’Educ’Nat est toujours là), il faut ajouter des mesures plus classiques: hausse du “forfait social” (ineptie prélevée sur l’épargne salariale, donc sur la fraction du salaire qui nous échappait déjà) nous amenant à un doublement en 2 ans, pour 400 millions de plus; relèvement des taxes sur les complémentaires santé (comment ça, le Monopole rembourse mal?), pour 1,1 milliard; hausse des prélèvements sur le capital en hausse (on préfère qu’il baisse); suppression et atténuation de dérogation sur la CSG; intégration des heures supplémentaires dans le calcul des aménagements de charges sur les bas salaires; atténuation de dérogations aux banques; “coup de rabot” sur les niches fiscales (suppression-pas question!); taxation des plus-values immobilières; limitation du report de l’IS pour les entreprises; contribution “exceptionnelle” sur les contribuables riches de 3% sur les sommes excédant 500 000€.

  Ce genre de “plan” différencie un bon gouvernement d’un mauvais. Le mauvais gouvernement espère récolter 12 milliards d’€ en accentuant la pression fiscale, et parle d’”économies”. Le bon gouvernement économise vraiment. Se sachant endetté, il n’organise pas le G8, ni le G20, et sauve 60 millions d’€. Il ne dépense pas 20 millions d’euros pour le programme “Egalité entre les hommes et les femmes”, et sauve 418 millions d’euros en supprimant la mission “Sport, jeunesse et vie associative”. Il privatise France Télévision, ne subventionne pas le passage à la TNT ni les radios: voilà 549 millions d’€ qui ne sortiront pas de caisses vides. Il ne subventionne plus la presse, qu’il libère, et abandonne la chimérique “action audiovisuelle extérieure”: 514,8 millions économisés. Il refuse de soutenir les exportations d’armes, qui coûtent 20 millions d’euros à la nation. Il supprime le CESE: 37,5 autres millions. Il cantonne l’action du ministère de la culture à la conservation du patrimoine culturel: il évite le sacrifie de 1,87 milliards d’euros.

Il restreint son rôle dans l’”économie de l’Agriculture” à la gestion durable des pêches (histoire d’éviter que des écolos nous bourrent le mou) et à la gestion des crises et aléas de production: au moins 1,8 milliard sauvés. Il ne prétend plus faire de l’Etat le grand ordonnateur de l’aménagement du territoire: 302 millions. Il privatise le financement des partis politiques: 80 millions. Il renonce à la mission “Outre-mer”: 1,35 milliard de moins. Il cesse de financer une politique de la ville idiote et contre productive: 624,2 millions d’euros.  Il laisse aux professionnels qui en vivent le soin de s’occuper du tourisme: 51 millions. Il épure la “diplomatie culturelle et d’influence”: 200 millions. Il laisse le “développement et l’amélioration de l’offre de logements” au secteur privé: 541 millions. Il supprime le programme “Développement des entreprises et de l’emploi”: 1 milliard sauvé, et l’opportunité d’une réforme en vue.

  Ainsi, sans réformer le système de retraite, sans toucher à la SNCF, en conservant presque intacts les systèmes de notre société socialiste, le bon gouvernement arrive déjà au même résultat que le mauvais, la frustration en moins et la morale de son côté. Et encore, il ne s’agit que d’un gouvernement timide, qui se borne à toiletter une toute petite partie de la loi de finances…

jeudi 18 août 2011

L’argent des autres

   Les “hauts revenus”, même si on ne sait pas ce que c’est avec exactitude, c’est mal. Donc, ça doit être taxé. Le gouvernement planche dur sur l’idée. De quoi réjouir M. Bergé, qui apparemment souhaite contribuer plus (PLUS PLUS UN PETIT PEU PLUS UN PEU PLUS) aux charges de l’Etat.

  Il faudra tout de même m’expliquer quelque chose. Qu’est-ce qui empêche les quelques personnes souhaitant payer plus d’impôts d’envoyer un méga-chèque à Bercy, et de laisser les autres contribuables très fortunés mais d’un avis différent tranquilles?

  Question oratoire, Jérôme Chartier, député UMP du Val d’Oise m’a déjà fourni l’explication:

La mesure doit être un symbole. Il ne s'agit pas de renflouer les caisses de l'État

  Payez plus parce que c’est symbolique, braves gens fortunés. Vous êtes TROP fortunés, cela énerve vos voisins, du coup vous devenez MOINS fortunés.

  SOCIALISME = JALOUSIE + RECOURS A LA FORCE.

mardi 24 mai 2011

J'ai vraiment HORREUR de réviser

Se plaindre: l'une de mes passions. 

Objet de la plainte: les révisions des partiels du deuxième semestre (ils s'annoncent bien... Avouez-le: je manie l'ironie avec génie). 

Description de la plainte: c'est dur, c'est long, j'ai l'impression de ne rien retenir, je vais me foirer et passer un été atroce à réviser des trucs durs et longs, je vais foirer ma vie et finir seul, pauvre, dans la rue et alcoolique.

Solutions forcément irréalisables mais on y pense quand même: 1/ Sortir de l'UE. Adieu, infâme Partie II du cours de contentieux européen! Adieu, droit européen de la concurrence! 2/ Réformer la procédure civile pour re-faire du procès "la chose des parties" et abolir le second degré de juridiction. Bon vent, le juge de la mise en état (JME pour les intimes), à jamais, la Partie II du cours de droit judiciaire privé! 3/ Adopter un code de droit international privé. Adieu, la mémorisation systématique des règles, et bonjour, l'ouverture bête et instinctive du code! 4/ Toiletter le code pénal. Fini, l'apprentissage de la contestation de crimes contre l'humanité. Oubliée, la non-assistance à personne en danger. 5/ Généraliser le QCM. Plus besoin de passer une heure pour trouver un plan bidon pour le commentaire d'arrêt! Plus besoin de balayer avec angoisse l'ensemble des hypothèses pour résoudre le cas pratique!

Jugement objectif: Cet étudiant est foutu. Il pourra tout de même faire acte de candidature pour la présidence de l'antenne locale de l'UNEF: Il dispose d'une absence de motivation/capacité pour le devoir élémentaire de l'étudiant propre à faire de lui un raté intégral, tout en rêvant à des échappatoires stupides.

samedi 16 avril 2011

Skyrock

  Les gens pètent les plombs.Tout simplement. Pour un simple conflit entre (c'est du moins ce que j'ai compris) l'actionnaire principal et le fondateur de la station, on a droit à une avalanche d'appels à la mobilisation, de réactions de politiciens choqués/préoccupés/indignés (rayez la mention inutile). 

  Rappel n°1: une radio libre, ce n'est pas nécessairement une radio affranchie des préoccupations financières de ses actionnaires. Une radio libre, ce n'est pas non plus une radio diffusant des programmes jugés non conventionnels. Une radio libre, ce n'est que ceci: une radio qui n'est pas une émanation de l'Etat, et qui n'est pas sous tutelle de l'Etat. Donc un changement dans la direction, décidé par les actionnaires, ne prive pas une radio de sa liberté.

  Rappel n°2 (à l'attention de M. Hollande): une radio appartient à ceux qui détiennent des droits sur elle. Donc NON, Skyrock n'appartient pas à ses auditeurs, à moins que ceux-ci soient actionnaires. Certes, la radio a tout intérêt à satisfaire ses auditeurs si elle veut survivre, mais cela ne remet pas en cause la légitimité de la décision des actionnaires. Ils se trompent peut-être, mais c'est leur affaire.

  Rappel n°3: S'il y a des changements dans les programmes de Skyrock, et que ces changements ne plaisent pas aux auditeurs, ils sont libres de ne plus l'écouter. Les actionnaires sont en général attentifs à ce genre de choses. Si les contestataires sont assez nombreux, et représentent un marché assez intéressant, il se trouvera sans doute un ou plusieurs entrepreneurs pour les satisfaire. Si les contestataires sont motivés, ils peuvent aussi créer leur propre radio et se cotiser pour la faire exister. Nul besoin de manifester, d'invoquer la liberté d'expression en danger (ce qui n'est pas le cas: Skyrock est libre de diffuser ce qu'elle veut, et un changement non imposé par l'Etat ne constitue pas une violation de cette liberté, mais une évolution, heureuse ou malheureuse).

Pour finir, ma réponse au type de 14 ans qui demande de soutenir le mouvement ainsi:

"J'ai 14 ans et j'écoute Skyrock mais ce n'est pas pour autant que je ne lis pas ne m'intéresse pas aux cours bien au contraire! Alors ne critiquez pas sans savoir car c'est blessant. Alors soutenez Skyrock. On ne vous oblige pas a l'écouter, mais on vous demande juste de soutenir le mouvement! Imaginez seulement si ce qui arrive en ce moment a Skyrock arrivait a la radio que vous écoutez, se serait pénible, non? Alors pensez à nous, merci."
  Je ne vois pas le lien entre son âge et son attention pour les cours d'une part et le soutient à la station d'autre part. Et je ne vois pas le besoin de soutenir un mouvement en faveur d'une radio que je n'écoute pas. Enfin, si cela arrivait aux stations que j'écoute (Fun Radio et Radio Classique, pour plus de précision), j'attendrais un changement effectif des programmes pour commencer à râler, et je n'écouterais plus la radio le cas échéant. C'est pénible, mais c'est tout ce que je m'autoriserait à faire, vu que je ne suis pas actionnaire.

jeudi 27 janvier 2011

Comment économiser près de 40 millions d'euros rapidement


  Dans la présentation qui est faite de nos institutions, on omet souvent de traiter de la « troisième assemblée de la République ». Je n’en parle pour ma part quasiment jamais. Il est vrai qu’elle ne vient pas spontanément à l’esprit, ce qui est regrettable lorsque l’on sait qu’elle coûte annuellement près de 40 millions d’euros à la nation, comme le rappelait récemment le député de la Drôme, M. Mariton. Cette assemblée oubliée, c’est le Conseil Economique, Social et Environnemental, censé garantir une représentation nationale aux « forces économiques, sociales et environnementales » (certains y voient une représentation de la société civile… Pas moi). Ce bidule, dont l’ancêtre a été institué en 1925 après la présentation en 1919 d’un projet de « Conseil économique du travail » par le secrétaire général de la CGT de l’époque et des demandes insistantes de la part des syndicats ouvriers, a été sanctifié par la Constitution du 4 octobre 1958, et « grenellisé » en 2008 ; il sert surtout à être consulté et à permettre un dialogue entre « forces » que tout oppose. A l’occasion, il sert également de placard pour amis politiques. 

  Vous l’aurez sans doute compris, cette « noble » assemblée de 233 conseillers qui s’arroge l’occupation du Palais d’Iéna n’est que le relais institutionnel des intérêts privés les plus bruyants. Certains conseillers se plaignent d’une « politisation » du CESE. De fait, pas mal de « personnalités qualifiées » directement nommées en Conseil des Ministres sont… disons plutôt proches du pouvoir, ou l’ont été. De l’aveu même du président du CESE, M. Delavoye, « il y a toujours eu du copinage ». C’est vrai. Mais il oublie que le copinage est de l’essence même de son assemblée : après tout, il faut bien que quelqu’un décide qui est membre et qui ne l’est pas, qui a le droit d’en désigner et qui ne l’a pas... Observons sa composition. Elle fleure bon le lobbying, de mon point de vue.
  140 membres le sont au titre de la « vie économique et du dialogue social » : 69 représentants des salariés, 27 représentants des entreprises privées industrielles, commerciales et de service, 20 représentants des exploitants et des activités agricoles, 10 représentants des artisans, 4 représentants des professions libérales, et 10 personnes qualifiées. 60 membres le sont au titre de la « cohésion sociale et territoriale et de la vie associative » : 15 personnalités qualifiées, 11 représentants des activités économiques et sociales d’outre-mer, 10 représentants des associations familiales, 8 représentants de l’économie mutualiste, coopérative et solidaire non-agricole, 4 représentants de la mutualité et des coopératives agricoles, 4 représentants des « jeunes » et des étudiants, 8 représentants de la vie associative et des fondations.  Enfin, 33 membres le sont au titre de la « protection de la nature et de l’environnement » : 18 représentants des fondations et associations agissant dans le domaine de la protection de la nature et de l’environnement, 15 personnalités qualifiées dont au moins 3 dirigeants d’entreprises significatives du secteur. 

  Quant à la « politisation » dont certains conseillers font état, elle est antérieure aux nominations de l’ère Sarkozy. L’assemblée compte ainsi 17 membres pour le « groupe de représentation » CGT, 17 membres pour le groupe CFDT, 17 membres pour le groupe CGT-FO, 6 membres pour le groupe CFTC… Je ne considère pas les membres de tels groupes comme des « conseillers apolitiques ». Tout comme je ne considère pas comme apolitique M. Prévost, président de l’UNEF. Ni M. Roirant, président de la Ligue de l’Enseignement.
  L’anomalie n’est pas la politisation du CESE, l’anomalie est le CESE tout court : en quoi des groupes désignés comme étant représentatifs des « forces économiques, sociales et environnementales » peuvent-ils participer plus qu’un citoyen lambda à l’élaboration de la politique économique, sociale et environnementale par leurs conseils ? Qu’est-ce qui fonde leur représentativité ? Rien du tout : on a décidé arbitrairement qu’ils étaient compétents pour le faire, qu’ils avaient suffisamment de sagesse pour déterminer ce qu’était l’intérêt général. Et comme souvent, l’intérêt général est le cache-sexe d’intérêts privés. 

  En définitive, je soutiens la proposition de M. Mariton, lorsqu’il estime qu’il conviendrait de supprimer le CESE. Lui se fonde sur l’inutilité d’un organe très peu consulté, et considère que le débat peut-être plus fécond dans des instances consacrées à un seul sujet, type Conseil d’orientation des retraites, Etats généraux de la bioéthique, Conseil d’orientation pour l’emploi. C’est sur ces deux points que je ne suis plus d’accord : le CESE doit être supprimé car il est illégitime, et les instances consacrées à un seul sujet ne suscitent rien d’autre que de la méfiance chez moi (conseil d’ «orientation » pour l’emploi… fromage étatiste de plus qui doit en plus inclure les « partenaires » sociaux). Cela dit, le fondement importe peu : un CESE supprimé, c’est près de 40 millions d’euros économisés et sans sacrifice.