lundi 2 novembre 2009

Fumer tue... légiférer exaspère...

  Les fumeurs savent désormais à quelle sauce ils seront mangés. L'assemblée nationale a en effet donné son feu vert à une augmentation de 6% du prix des cigarettes, tandis que le président de la République a indiqué assumer une décision "cohérente et équilibrée", tout en l'accompagnant de l'interdiction de la vente de tabac sur Internet, ainsi que d'un remboursement plus généreux des substituts nicotiniques (mais seulement pour les femmes enceintes et les bénéficiaires de la CMU, les autres ne méritent pas autant d'égards). Génial. Le président du pouvoir d'achat me signifie par là même qu'il contredit un engagement de campagne. Tout simplement génial.



  Au lieu de critiquer, je devrais me réjouir: les diverses propositions de M. Yves Bur n'ont pas été reprises. Réaction de l'intéressé: " Ce choix permet à cette industrie de la mort d'augmenter ses profits de 70 à 90 millions d'€ sur le dos de la sécurité sociale, qui, en plus, paiera pour colmater les ravages du tabac". Cette réaction appelle des observations.
1/ L'industrie en question n'augmente pas ses profits sur le dos de la sécurité sociale... vu que l'argent dont il est question n'appartient PAS à la sécurité sociale (sauf si l'on considère que c'est du détournement de facultés contributives des contribuables; à mon humble avis, c'est plutôt ce genre de considérations que retient notre classe politique).
2/ Le fait que cette industrie soit une industrie de la mort n'autorise pas pour autant l'Etat à la surtaxer; les futurs morts consentent, non?
3/ La Sécurité sociale paira pour colmater les ravages du tabac? Bien fait! Il fallait y penser avant de la mettre en place!

  Laissons là M. Bur et ces idées à la noix. Le fait est qu'avec ou sans lui, le prix du tabac augmente (merci, la splendide caste politique française). Ce qui pose un problème: il n'augmente pas parce que les fabricants portent leurs tarifs à des taux prohibitifs, ou parce que le tabac est devenu subitement cher. Il augmente parce qu'on le taxe. Pourquoi le taxer? Parce que l'élite de l'élite, répondant aux appels de certaines associations ou tentant de rallier à elle certaines catégories d'électeurs, veut en dissuader la consommation: le tabac, c'est mauvais pour vous et pour les comptes publics. On retrouve bien là nos adorables politiciens paternalistes.
  Ce que je me demande finalement, c'est POURQUOI le tabac est-il toujours en vente? Si c'est un produit dangereux (c'est le cas), mortel, s'il nuit aux comptes publics, pourquoi ne pas tout simplement l'interdire? C'est beaucoup moins hypocrite que d'en augmenter sans cesse le prix avec la volonté consciente de voir sa consommation chuter. Réponse des intéressés: "liberté individuelle", "situation des buralistes". Tout ceci est illogique. L'Etat sort de son rôle en imposant par le biais de la taxation un comportement aux consommateurs, qu'il juge meilleur qu'un autre de façon discrétionnaire, méprisant de ce fait la liberté individuelle, mais il s'abstient d'une prohibition totale au nom de cette même liberté. Il impose aux buralistes une chute de la demande purement artificielle, mais il modère les hausses successives pour éviter de les voir tous fermer dans le mois. Où est la cohérence? C'est simple, il n'y en a pas. L'Etat a décidé que, et point à la ligne, circulez il n'y a rien à voir.

Proposition pour un monde meilleur: s'abstenir de réélire les responsables. Particulièrement visé: M. Bur, dont les propos et les propositions l'assurent de mon antipathie la plus sincère.

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