samedi 31 mai 2008

Quand je parle de drogue pétrolière!!


Le gazole cher et l'essence hors de prix. Voilà de quoi alimenter des craintes chez les Français, soucieux depuis peu de leur pouvoir d'achat (il n'a fallu qu'une campagne présidentielle pour les convaincre)... D'ailleurs ils ne sont pas les seuls: le président des Etats-Unis a récemment demandé aux producteurs, Arabie saoudite en tête, d'augmenter leur production de pétrole, pour éviter de faire face à la grogne des millions d'automobilistes américains.

En France, on a mieux: les pêcheurs, toujours si prompts à se révolter. On cherche même des liens de parenté avec les cheminots... Ils bloquent les ports dans l'Ouest, ainsi que les dépôts pétroliers, ils spolient ("occupent de façon légitime") notre espace médiatique, avec l'appui récent d'agriculteurs et de transporteurs routiers frondeurs (j'ai aussi entendu parler de pêcheurs mécontents dans d'autre pays européens). Ils veulent obtenir le plafonnement à 40 centimes le litre de gazole détaxé (il est aujourd'hui aux environ de 75 centimes), coûte que coûte. Je vais tâcher ici de développer de façon succincte (admirez cette phrase... "développement succinct", quelle drôle d'idée) pourquoi on ne peut pas, ou surtout pourquoi on ne peut pas durablement. (La question ne concerne pas seulement les pêcheurs, mais aussi les automobilistes, devenus ma bête noire)


  • Nous sommes dans une période caractérisée par un choc énergétique. L'idée est simple: le pétrole est cher, et il le restera. la hausse n'est pas brutale et occasionnée par un conflit, elle est structurelle bien plus que conjoncturelle. L'hypercroissance de certains géants gonfle la demande, et les prix. C'est ainsi. La solution, ce sont les économies d'énergie, lesquelles ne sont pas réalisées lorsque l'on diminue les prix. Je vous laisse entendre Jean Syrota: "On peut subventionner les pêcheurs, à condition que cela serve à réduire leur dépendance au gazole. Mais il ne faut surtout pas abaisser artificiellement les prix". Le changement des comportements, ça passe aussi par ce genre de choc: on change toujours plus vite quand le porte-monnaie est en jeu, non? Et il faut changer, pour l'environnement ET la dépendance pétrolière.

  • Bercy n'a pas beaucoup de marge de manoeuvre. Paris ne peut influer sur la demande mondiale, ni forcer ses partenaires à vendre moins cher. Ce serait un manque de correction certain pour les pays producteurs, dont l'intérêt est de justement de vendre plus cher tant qu'il y a du pétrole.

J'ai été plutôt attristé par la réponse de la classe politique. Le président de la République adopte un comportement assez traditionnel: lors d'une interview à RTL, il a proposé d'affecter une partie des recettes de TVA (elles grimpent assez logiquement avec la hausse du prix des carburants... aurait-on trouvé indirectement le moyen de résorber la dette? Pas si sûr, l'Immonde sera malheureusement toujours présente) à l'augmentation de la "prime à la cuve" pour le chauffage au fuel. Elle passerait de 75€ à l'origine à environ 200€. M. Sarkozy souhaiterait aussi que l'UE suspende la TVA au-dessus d'un certain niveau de prix pour les carburants, ainsi que la mise en place d'un "tarif social" du gaz (fort peu libéral... dommage!). Alternative?.... Mme Royal réclame une baisse de la fiscalité, point. Vous aurez tous pu constater que c'est l'un dans l'autre...

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