vendredi 20 février 2009

La Guadeloupe en otage, hier comme aujourd'hui

Coup de chaud sur la Guadeloupe. Un collectif aux accents populistes paralyse depuis plusieurs semaines le département, en pleine saison touristique, mettant à mal le poumon économique du territoire. Des barrages, des émeutes, visites dissuasives des hommes du collectif LKP (quels charmants personnages tout de même ! De vrais tribuns de la plèbe mode XXIe siècle, le prestige latin en moins) aux commerçants pour les forcer à baisser le rideau, références communautaires qui ne peuvent que jeter de l’huile sur le feu (« la Gwadloup ta nou, la Gwadloup pa ta yo »),… Il faut aussi ajouter au bordel ambiant la mort d’un syndicaliste et plusieurs automobiles calcinées (ils ont le droit, la Guadeloupe est à eux apparemment). Et un homme, Elie Domota, fier leader anticolonialiste pétri de marxisme, grand dénonciateur des descendants de colons devant l’Eternel mêlant volontiers son discours d’autonomisme et de réaction anti-blancs (« eux »…), le nouveau messie du peuple guadeloupéen en lutte contre la vie chère, et, accessoirement, pour son indépendance (selon lui). Bref, un joyeux bordel.

Comment sortir de cette situation pour le moins problématique ? Premièrement, en rétablissant l’ordre, c'est-à-dire en réduisant à néant le problème conjoncturel (si cela pouvait passer par une mise au placard de M. Domota et de sa clique, croyez bien que je ne m’en plaindrais pas). Et deuxièmement, en apportant des réponses concrètes, utiles, pérennes à des problèmes structurels, et non en annonçant des mesures inefficaces pour acheter une paix sociale purement apparente. Comme on peut le comprendre aisément, l’Etat a choisi la seconde solution. Le LKP dénonce la vie chère (et en effet, les prix à la pompe sont restés très élevés, alors même que le prix du baril a été divisé par trois ; de même, en 2008, la viande était au minimum 25% plus chère qu’en métropole, les légumes de 100 à 160%. Le coût de la vie en général était de 35% supérieur à la métropole), réclamant une revalorisation de 200€ des bas salaires, et surfe sur la crise sociale (22,7% de chômage en 2007, une non-ouverture dénoncée du patronat aux Guadeloupéens d’origine africaine et indienne,…) Pour y répondre, la solution étatique envisagée a donc été de mettre plus de moyens, de noyer le département sous des aides supplémentaires, histoire de calmer le jeu rapidement et honorablement.

La Guadeloupe mérite cependant mieux que cette économie de rentes et d’avantages acquis. Une petite minorité de familles profite de monopoles imposant à l’île des biens essentiellement métropolitains à des prix inimaginables et mettant à mal le principe de concurrence (6 familles se partagent le marché de l’hôtellerie et de la distribution de l’île), les aides déversées par l’Etat découragent l’activité, la fiscalité prend un caractère confiscatoire et pénalisent des entreprises déjà découragées par les monopoles familiaux, et la population active comporte de nombreux fonctionnaires bénéficiant de primes sur leurs salaires.

Pourquoi ne pas donner plus de liberté aux Antilles ? Pourquoi ne pas permettre à l’Etat de casser les monopoles familiaux qui influent à la hausse sur les prix (il gagnerait en estime), de réduire les subventions qui fixent l’activité dans un carcan qui l’étouffe, au grand désespoir de Guadeloupéens rejetant la faute sur l’ensemble d’une communauté ? Pourquoi ne pas éliminer dès maintenant quantité de blocages qui pourrissent l’économie locale ? Ce serait bien plus efficace, bien moins coûteux et surtout plus adapté. Malheureusement, l’Etat préfère continuer de verser une manne qu’il amplifie, dont il adresse la facture aux contribuables en retour, et en viendra peut-être un jour à établir des quotas à l’emploi pour tenter de réparer une situation qu’il laisse perdurer par peur de la liberté, quitte à figer dans un nouveau carcan la société.

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