samedi 3 septembre 2011

Le bon gouvernement et le mauvais gouvernement

  Le président de la République se refuse, apparemment, à parler de “rigueur”. Sur ce point nous sommes d’accord: il est incorrect de considérer un gouvernement qui s’obstine à ne pas réduire la dépense publique comme étant un gouvernement rigoureux. Le plan proposé ne vise même pas à ramener les finances à l’équilibre: il ne s’agit que d’éviter un dérapage du déficit (soit un dérapage du dérapage).

  Le “plan de rigueur”, c’est une batterie de mesures tendant à augmenter les recettes. Belle idiotie, et faute lorsqu’il s’agit de transformer par la force les comportements de citoyens libres n’affectant pas autrui. Le tabac va ainsi augmenter de 6% en octobre, puis de 6% à nouveau en 2012, rapportant… 600 millions d’euros supplémentaires par an. Pour lutter contre l’obésité, le gouvernement va créer une accise spécifique en janvier 2012 sur les boissons sucrées. Objectif: 120 millions d’euros supplémentaires pour le Monopole. Mais le beurre et le foie gras sont épargnés. Une taxe sur les alcools forts devrait rapporter 340 millions de plus l’an prochain. Mais pas touche au vin, au rhum et aux “productions régionales” : il faut quand même que l’alcoolique puisse accéder à sa piquette pas chère. Seuls les consommateurs occasionnels de vodka posent des problèmes au Monopole.

  En plus de ces mesures tendant à faire de nous des citoyens vertueux et sains de corps (sains d’esprit, c’est fait, Chirac a créé la HALDE et l’Educ’Nat est toujours là), il faut ajouter des mesures plus classiques: hausse du “forfait social” (ineptie prélevée sur l’épargne salariale, donc sur la fraction du salaire qui nous échappait déjà) nous amenant à un doublement en 2 ans, pour 400 millions de plus; relèvement des taxes sur les complémentaires santé (comment ça, le Monopole rembourse mal?), pour 1,1 milliard; hausse des prélèvements sur le capital en hausse (on préfère qu’il baisse); suppression et atténuation de dérogation sur la CSG; intégration des heures supplémentaires dans le calcul des aménagements de charges sur les bas salaires; atténuation de dérogations aux banques; “coup de rabot” sur les niches fiscales (suppression-pas question!); taxation des plus-values immobilières; limitation du report de l’IS pour les entreprises; contribution “exceptionnelle” sur les contribuables riches de 3% sur les sommes excédant 500 000€.

  Ce genre de “plan” différencie un bon gouvernement d’un mauvais. Le mauvais gouvernement espère récolter 12 milliards d’€ en accentuant la pression fiscale, et parle d’”économies”. Le bon gouvernement économise vraiment. Se sachant endetté, il n’organise pas le G8, ni le G20, et sauve 60 millions d’€. Il ne dépense pas 20 millions d’euros pour le programme “Egalité entre les hommes et les femmes”, et sauve 418 millions d’euros en supprimant la mission “Sport, jeunesse et vie associative”. Il privatise France Télévision, ne subventionne pas le passage à la TNT ni les radios: voilà 549 millions d’€ qui ne sortiront pas de caisses vides. Il ne subventionne plus la presse, qu’il libère, et abandonne la chimérique “action audiovisuelle extérieure”: 514,8 millions économisés. Il refuse de soutenir les exportations d’armes, qui coûtent 20 millions d’euros à la nation. Il supprime le CESE: 37,5 autres millions. Il cantonne l’action du ministère de la culture à la conservation du patrimoine culturel: il évite le sacrifie de 1,87 milliards d’euros.

Il restreint son rôle dans l’”économie de l’Agriculture” à la gestion durable des pêches (histoire d’éviter que des écolos nous bourrent le mou) et à la gestion des crises et aléas de production: au moins 1,8 milliard sauvés. Il ne prétend plus faire de l’Etat le grand ordonnateur de l’aménagement du territoire: 302 millions. Il privatise le financement des partis politiques: 80 millions. Il renonce à la mission “Outre-mer”: 1,35 milliard de moins. Il cesse de financer une politique de la ville idiote et contre productive: 624,2 millions d’euros.  Il laisse aux professionnels qui en vivent le soin de s’occuper du tourisme: 51 millions. Il épure la “diplomatie culturelle et d’influence”: 200 millions. Il laisse le “développement et l’amélioration de l’offre de logements” au secteur privé: 541 millions. Il supprime le programme “Développement des entreprises et de l’emploi”: 1 milliard sauvé, et l’opportunité d’une réforme en vue.

  Ainsi, sans réformer le système de retraite, sans toucher à la SNCF, en conservant presque intacts les systèmes de notre société socialiste, le bon gouvernement arrive déjà au même résultat que le mauvais, la frustration en moins et la morale de son côté. Et encore, il ne s’agit que d’un gouvernement timide, qui se borne à toiletter une toute petite partie de la loi de finances…

1 commentaire:

christiane a dit…

Je ne dirai qu'un mot : "BRAVO !"