mercredi 23 juin 2010

République bananière

  Un nouveau dossier sur le bureau présidentiel: le dossier ultra-sensible “Bleus & reconstruction du football français”. La République française ne peut pas tolérer un tel échec, alors qu’elle va accueillir dans six ans le championnat d’Europe de football. C’est inadmissible, un scandale, pire, une honte pour notre GRANDE nation footballistique. Il FAUT prendre des mesures.

  La très utile ministre de la Jeunesse et des Sports l’a déclaré devant l'Assemblée nationale:

Je ne peux que constater, comme vous , le désastre avec une équipe de France où des caïds immatures commandent à des gamins apeurés, un coach désemparé et sans autorité, une Fédération française de football aux abois.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé de prendre toutes ses responsabilités, d'abord en faisant faire une analyse approfondie, un audit externe, car ceux qui ont failli ne peuvent pas piloter cette analyse, il ne peuvent pas faire leur cuisine sur leur petit feu.

  Question: En quoi les résultats d’une équipe au sein d’une compétition organisée par une fédération en théorie privée et indépendante peuvent-ils intéresser l’Etat?  J’ai beau essayer de comprendre, je n’arrive pas à faire le lien entre pratique sportive et rôle de l’Etat. Pour tout dire, je rie jaune. Pour gérer l’insécurité à Belleville, on créé un Comité de pilotage et on passe sous silence la carence de la puissance publique dans l’exercice de sa mission la plus basique (assurer la sécurité des individus). Mais pour répondre aux gamineries d’une équipe de France qui ne représente qu’elle même (elle n’est pas un corps constitué, elle n’est pas non plus une émanation de l’administration, et je ne suis pas convoqué à des élections), on tient une réunion de crise, après avoir tout tenté en envoyant le ministre de tutelle sur le front.

  Nouvelle question: comment appelle-t-on un pays dont le chef de l’Etat ferait des résultats d’une équipe sportive un dossier à traiter dans l’urgence impliquant son gouvernement et justifiant de nouvelles dépenses publiques? Réponse: une république bananière.

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