mardi 29 juin 2010

Maman les petits avions…

  Certains rêvent de loger le président de la République dans une barre HLM, le contraindre à utiliser les transports en commun, l’abonner à la soupe populaire, le priver de téléphone portable et lui faire toucher le SMIC. L’actuel hôte de l’Elysée serait sans doute un peu plus humble, j’en conviens. Mais je ne suis pas certain que nous résoudrions ainsi tous nos problèmes financiers.

  Je ne suis pas contre une réduction de la rémunération du chef de l’Etat, ni contre une plus grande sobriété dans l’utilisation qui est faite par l’Elysée de l’argent volé aux contribuables public. Mais je trouve la polémique sur le prix du nouvel avion présidentiel stérile (c’est pourquoi j’en parle, me direz-vous. Mea Culpa…). Il est chiffré à 176 millions d’euros, il porte le coût de l’heure de vol à à 20 000 euros. Soit. Mais il permet au président de la République française de voyager à Mayotte ou à la Réunion sans escale, ou dans toute autre contrée comprise dans un rayon de 11 000km en partant de Paris. C’est assez pratique, en matière de politique internationale. L’avion, en tant qu’objet, ne me pose pas de problème.

  Je conçois que certains puissent être écœurés, en ces temps de crise: ils n’apprécient pas de se serrer la ceinture alors que le président de la République s’offre un avion “bling-bling” (c’est du moins ce qu’on leur dit). Mais critiquer ce qui peut s’apparenter à un moyen d’accomplir son travail ne me paraît pas approprié… S’ils veulent réellement des changements, qu’ils s’intéressent à la rémunération des hauts fonctionnaires, aux divers avantages injustifiés dont peuvent jouir les parlementaires, au système de protection social fossilisé et coûteux qu’ils défendent, à la corruption, bref, à tout ce qui constitue une dépense publique injustifiable. Ce sera plus efficace que de crier contre un avion présidentiel ou contre l’attitude “bling-bling” de certains (afficher sa richesse, ou du moins avoir un rapport décomplexé par rapport à l’argent n’est peu être pas classieux, mais ça n’est pas non plus un péché).

  Pour finir, même si c’est très insuffisant pour résoudre notre problème d’endettement, j’apprécie la suppression de la garden-party du 14 juillet. Je ne me suis pas renseigné, mais si c’est vrai, j’approuve. C’est déjà ça…

mercredi 23 juin 2010

République bananière

  Un nouveau dossier sur le bureau présidentiel: le dossier ultra-sensible “Bleus & reconstruction du football français”. La République française ne peut pas tolérer un tel échec, alors qu’elle va accueillir dans six ans le championnat d’Europe de football. C’est inadmissible, un scandale, pire, une honte pour notre GRANDE nation footballistique. Il FAUT prendre des mesures.

  La très utile ministre de la Jeunesse et des Sports l’a déclaré devant l'Assemblée nationale:

Je ne peux que constater, comme vous , le désastre avec une équipe de France où des caïds immatures commandent à des gamins apeurés, un coach désemparé et sans autorité, une Fédération française de football aux abois.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé de prendre toutes ses responsabilités, d'abord en faisant faire une analyse approfondie, un audit externe, car ceux qui ont failli ne peuvent pas piloter cette analyse, il ne peuvent pas faire leur cuisine sur leur petit feu.

  Question: En quoi les résultats d’une équipe au sein d’une compétition organisée par une fédération en théorie privée et indépendante peuvent-ils intéresser l’Etat?  J’ai beau essayer de comprendre, je n’arrive pas à faire le lien entre pratique sportive et rôle de l’Etat. Pour tout dire, je rie jaune. Pour gérer l’insécurité à Belleville, on créé un Comité de pilotage et on passe sous silence la carence de la puissance publique dans l’exercice de sa mission la plus basique (assurer la sécurité des individus). Mais pour répondre aux gamineries d’une équipe de France qui ne représente qu’elle même (elle n’est pas un corps constitué, elle n’est pas non plus une émanation de l’administration, et je ne suis pas convoqué à des élections), on tient une réunion de crise, après avoir tout tenté en envoyant le ministre de tutelle sur le front.

  Nouvelle question: comment appelle-t-on un pays dont le chef de l’Etat ferait des résultats d’une équipe sportive un dossier à traiter dans l’urgence impliquant son gouvernement et justifiant de nouvelles dépenses publiques? Réponse: une république bananière.

jeudi 10 juin 2010

La confusion des idées

  Il est aujourd’hui impossible d’y échapper : la confusion des idées – je choisis ces termes faute d’imagination suffisante pour en trouver d’autres – règne dans de nombreux esprits, même le miens. Elle conditionne notre façon de penser, d’aborder les problèmes, et partant de là peut aboutir de façon stupéfiante à limiter l’expansion de la liberté et de la responsabilité individuelles. Elle devient insupportable lorsqu’à l’occasion d’un débat, ou, de façon plus modeste, d’un simple échange sur un sujet donné, elle vous interdit d’exposer clairement vos idées ou opinions sans au préalable effectuer un travail de décloisonnement des problématiques. Lorsque le travail à effectuer est trop important, las, vous vous dites que l’enjeu n’est pas d’une importance telle qu’il vous faille rester deux heures à expliquer à un interlocuteur abusant des coupures de paroles intempestives que sa manière de penser sur le sujet donné le fait s’égarer. Car c’est là l’enjeu, volontaire ou non, de la confusion des idées : vous ne pouvez traiter d’un sujet sans adhérer à un ensemble de points de vue, de notions, à une sorte de « pré-requis » souvent plus intuitif et idéologique qu’autre chose. Vous en arrivez à amalgamer le tout, vous manipulez un groupe d’idées et de problèmes sans pour autant que cet amas réponde à une logique d’ensemble. Vos propos perdent de la cohérence (ça m’arrive très souvent, au passage), ceux de votre interlocuteur également, et finalement le consensus fondé sur le manque de séparation des problèmes domine.
Prenons des exemples :
1/le « service public ». Quoi que vous puissiez faire, ce sera quasiment toujours, pour votre éminent interlocuteur, un « monopole public bénéficiant à tous ». Il ne peut imaginer que des organismes privés, à but lucratif ou non d’ailleurs, soient capables d’offrir un service public ; il ne peut distinguer les notions de monopole public et de service public (c’est pour ça que, malgré les énormes imperfections du « système » RFF-SNCF, le fait que l’on parvenu à une situation ou l’opérateur de transport ferroviaire soit différent sur le papier du propriétaire des rails me contente déjà partiellement : cette séparation est un pas vers la séparation des problématiques, la propriété des rails par l’Etat n’impliquant pas forcément l’organisation par lui des services de transport sur ces rails).
2/ « l’écologie » : vous n’arriverez pas à séparer les problèmes, elle est un titanesque amalgame idéologique. Elle recouvrira des doctrines, concepts, idées tels que l’étatisme, le protectionnisme, le commerce équitable, la préservation de « la planète », le tiers-mondisme, le réchauffement climatique, la taxe Tobin, la prétendue justice sociale, les droits des Indiens du Chiapas, l’immoralité de la société de consommation, le besoin de règlementer tout et tout le temps…
3/la « laïcité ». Impossible désormais de parler de la simple neutralité confessionnelle de la puissance publique : cette notion doit désormais s’accompagner de la lutte contre les religions au nom du progrès et de l’athéisme. On peut pourtant défendre ardemment la laïcité de l’Etat et de la puissance publique sans être athée ou sans s’en prendre aux religions.
4/ le vice et le crime. Pour de nombreuses personnes, le vice et le crime ne sont plus séparables. Le fait d’être raciste et de l’exprimer n’est pas seulement le signe d’une bêtise incroyable, c’est aussi un crime à réprimer. Le fait d’être homophobe également. Le négationnisme n’est pas une simple négation de l’histoire, c’est une offense grave justifiant une punition par les autorités de l’Etat. Pour certaines personnes, le doute sur la qualité et la véracité des allégations du GIEC s’apparente à de la négation de la science (ils peuvent le penser, cela dit), et devrait être sanctionnée…
  Tout ceci est horrible. Cette confusion est étouffante, et j’en ai plus qu’assez de devoir prendre 10 minutes pour qu’un interlocuteur puisse accepter l’idée qu’il existe une différence entre le système de la Sécurité sociale et le système de la CMU, avant même d’exposer mon point de vue. Ou de devoir déconnecter “réforme actuelle des retraites” et “libéralisme”, “liberté” et “démocratie” (généralement, on va défendre la deuxième et amalgamer les deux… C’est le cas, par exemple, lorsqu’on parle de “démocraties occidentales” lors d’une discussion sur les peines plancher ou sur la garde à vue)….

samedi 5 juin 2010

Sur Gaza

C’est LE sujet du moment: la flottille humanitaire à destination de Gaza violemment interceptée par la marine israélienne. Condamnations internationales, manifestations un peu partout, dénonciations, incendie de drapeaux israéliens et américains,… Bref, rien n’a vraiment changé.

  Clairement, je suis contre l’embargo imposé à la bande de Gaza  par Israël (ça, tout le monde le sait) et par l’Egypte (ça, personne ne le mentionne, ou presque). Si j’ai soutenu (et si je soutiens toujours) le droit d’Israël à défendre sa population contre les roquettes envoyées par la bande de terroristes au pouvoir dans le territoire, je suis très sceptique quant aux résultats espérés de ce blocus, sans parler de sa légitimité. Si les Palestiniens veulent exporter des fleurs ou d’autres produits agricoles, ils devraient être libres de le faire (idem s’ils souhaitent importer); toute entrave étrangère, ainsi d’ailleurs que toute taxation au profit de la “résistance”, n’est pas légitime. Cela va paraître cruel, mais je préfère des assassinats ciblés de cadres du Hamas à l’embargo: il n’y a aucune raison pour que tous les habitants de la bande de Gaza paient pour les actes et les paroles de tarés en keffieh. D’ailleurs, Israël pourrait gagner quelque chose à cette ouverture: sous réserve de ne pas approvisionner en armes le Hamas, les Israéliens pourraient avoir accès aux marchandises en provenance de la bande de Gaza, probablement moins chères. L’Egypte, elle, peut écouler des marchandises via les tunnels. BREF: ce qu’il faut éliminer, c’est le Hamas, pas l’économie de la bande de Gaza.

  Bon. Ma position sur l’embargo dévoilée, je vais traiter de la flottille humanitaire. D’une part, je ne pense pas vraiment que les habitants de la bande de Gaza aient tant besoin que ça de vivres données par des militants. Ce dont ils ont besoin, c’est à mon sens d’ouverture, d’argent honnêtement gagné (comprendre “non versé par le Hamas parce que vous êtes fonctionnaire dans un secteur ne relevant pas de la puissance publique”, c’est à dire “non versé par le contribuable étranger”). D’autre part, je trouve que l’opération a un caractère plus médiatique qu’humanitaire: avec ou sans intervention israélienne, le Hamas s’en serait bien sorti. Là, c’est miraculeux: une intervention, de la violence et des morts, suivis d’un flot de critiques. Mechaal doit exulter! C’est pourquoi, si je trouve l’action d’Israël idiote, je ne me mêlerai pas plus que ça aux légions de dénonciateurs.