mercredi 27 mai 2009

Separate is NOT Equal

La Cour suprême de Californie a maintenu hier le résultat d'un référendum interdisant les mariages homosexuels (les défenseurs de tels mariages contestaient en effet une modification jugée illégale de la Constitution de l'Etat), tout en déclarant les unions conclues auparavant légales. En mai 2008, cette même Cour avait annulé un article du code civil local jugé discriminatoire, ouvrant la voie aux unions entre personnes du même sexe. Suscitant ce faisant une vive réaction chez les conservateurs. Ces derniers avaient alors réussi à convoquer un référendum pour inscrire l'interdiction de telles unions... jusque dans la Constitution de l'Etat. Le 4 novembre 2008, le tour était joué: un peu plus de 50% des électeurs s'était prononcés en faveur de la "proposition 8", et par conséquent en défaveur de l'union de personnes du même sexe. Voilà pour les faits.

Je n'entend pas ici contester le jugement de la Cour, mais bel et bien le référendum. D'une part, cela démontre le caractère relatif de la démocratie (vous ai-je déjà parlé de mon aversion pour les expressions "valeurs démocratiques" et "valeurs républicaines"?): ce n'est pas parce que telle communauté a décidé que la décision de la majorité serait la décision appliquée que cette décision est nécessairement juste, bonne et intelligente. En voici un exemple flagrant (d'habitude, je m'applique à évoquer une hypothèse selon laquelle si 50% de l'électorat plus une voix décide que massacrer des Juifs c'est fun et impératif, le devoir du démocrate absolu est de respecter cette volonté...). D'autre part, cela illustre le fait que l'outil du référendum, loin d'être cet instrument permettant de faire entendre au bon peuple sa voix et d'imposer de bonnes décisions à l'élite au pouvoir (car en effet les défenseurs de cet outil miraculeux invoquent sans cesse le respect de la volonté du "peuple"), est surtout un excellent moyen de prendre les pires décisions: confier à un peuple pas souvent des plus éclairés le soin de prendre la bonne décision peu se révéler contre productif. Exemples parmi d'autres: la Constitution européenne (2005), le mariage des autres (2008 en Californie), le Traité de Lisbonne (là c'est en Irlande)...
Ce rejet par référendum est des plus choquant. Au nom de quoi devrions nous interdire le mariage à des personnes sous prétexte qu'ils sont du même sexe? La famille? Mais ces personnes peuvent tout à fait considérer qu'elles forment une famille... La famille "enfants compris"? Mais le mariage n'est plus nécessairement la base de la famille. Deux illustrations simples: des enfants naissent de parents non-mariés, et des couples mariés n'ont pas d'enfants. De plus, la tendance est largement à la séparation entre le couple parental (père+mère, qu'ils soient mariés ou non, séparés ou non) et le couple conjugal (ainsi, le mari de votre mère n'est pas OBLIGATOIREMENT votre père... si vos parents sont séparés, il y a même moins de chances que cela soit le cas). Alors quoi d'autre? La nature? C'est oublier que le mariage est un lien de droit, et par conséquent, un lien artificiel et humain. Il n'est déjà pas naturel, ses conséquences encore moins, alors qu'il soit étendu aux couples de même sexe, la belle affaire... La religion? Aucun rapport, le mariage est un contrat civil un tout petit peu plus complexe que les autres contrats.

Non, vraiment, je ne vois pas la justification de ce référendum inique instituant une disposition discriminatoire et une inégalité en droit flagrante. Je conspue ce référendum, tout comme les tristes mentalités qui s'y sont montrées favorables.

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