jeudi 29 septembre 2011

Prime à l’idiotie?

Suite du précédent article, bien que la polémique soit plus ancienne. M. Copé a trouvé LA solution pour resserrer les liens entre les Français et pour répondre au débat sur les nationalités multiples : forcer les jeunes Français, au cours de la très utile « JAPD » (vaste fumisterie au cours de laquelle on se demande si vous savez lire, écrire et si vous connaissez l’état des lieux s’agissant de la défense nationale, et on vous « vend » ladite défense comme le ferait n’importe quelle école de commerce, mais en moins bien), à prêter un serment d’allégeance aux armes. C'est-à-dire à promettre de combattre aux côtés de la France en cas de conflit armé. Ceci appelle plusieurs observations.

1/ Que vaut une promesse qu’on vous oblige à prononcer ? Que vaut un engagement lorsqu’on vous fait l’équivalent d’une clé de bras ?

2/ La France a-t-elle réellement besoin de cela ? Je doute qu’en cas de conflit armé dépassant l’armée de métier les sinistres créatures de l’Etat puissent me laisser le choix.

3/ Que faire de ceux qui, comme moi, refusent de prêter allégeance aux armes ? Qui rejettent avec force l’idée de promettre consciemment et à l’avance de s’embarquer dans une aventure militaire, sans rien savoir des tenants et des aboutissants, simplement parce que « la France » (ses hommes d’Etat principalement) combat ? Que les tarés de la gachette le fassent s’ils le jugent loisible, mais moi, non. J’ai l’insupportable prétention de considérer que je suis le seul qui puisse décider de la cause pour laquelle je pourrais mettre mon existence en danger ne serait-ce qu’un seul instant.

4/ (Variante de la précédente) Que faire des catholiques ? Après tout, ils représentent une menace, puisque le Christ nous a dit « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et dur les injustes» (Saint Matthieu, 5, 43-45). Vous conviendrez avec moi que promettre de les combattre est une bien curieuse façon d’aimer ses ennemis…

Pauvres hommes d’Etat, ils ne se remettent pas de la suppression du service militaire. Pour des raisons qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec la Défense nationale, d’ailleurs. Il s’agit toujours de « cohésion nationale », de « discipline », de « brassage des classes ». Navré, mais je ne vois aucun intérêt à tout cela. Pour ma part, je n’ai pas besoin de passer des semaines avec d’autres types que je ne connais pas pour ne pas m’en prendre à mon voisin et me sentir Français. Je n’ai pas besoin d’entendre une personne me hurler dessus, d’obéir aveuglément, de me lever aux aurores, pour être une personne bien élevée. Et je ne vois pas ce que connaître des « personnes d’autres classes, d’autres horizons » pourrait m’apporter per se (entre la suppression du service et maintenant, il y a le développement d’Internet, voilà pour les autres horizons).

Remarque sans aucun lien de dernière minute : sur le site du Figaro.fr, on peut lire que l’UMP dénonce une course aux promesses démagogiques au PS. Drôlerie.

La valeur d’un serment

Le serment, selon mon Larousse-80’s, est l’affirmation solennelle d’une personne, en vue d’attester la vérité d’un fait, la sincérité d’une promesse, l’engagement de bien remplir les devoirs de son état (officiers ministériels, avocats) ou de sa fonction. C’est également une promesse solennelle. Mon lexique juridique ne s’éloigne guère de cette définition.

Le serment peut être doté d’effets non-négligeables : je pense ici aux serments professionnels, au serment judiciaire, ou encore au serment d’allégeance prêté aux Etats-Unis lors de la cérémonie de naturalisation. De tels serments peuvent être requis par la loi, et s’imposer à un individu. Mais ils sont tous légitimes, du moins dans le principe (dans la forme, c’est autre chose…), parce qu’ils demeurent conditionnés. Après tout, si vous vous trouvez en situation de prêter allégeance aux lois américaines, c’est que vous l’avez bien voulu ; si vous êtes amenés à prononcer la version moderne du serment d’Hippocrate, ce n’est certainement pas par pur hasard.

En revanche, un serment rendu obligatoire pour tous les citoyens Français pose de nombreuses questions. La première est la suivante : que faire face à une personne qui refuse de prêter un tel serment (mettons, par exemple, que la spoliation légale soit érigée en valeur) ? On lui refuse la citoyenneté française pour refus d’adhérer à des valeurs qui n’en sont pas ? Le deuxième est liée : qu’est-ce qui garantit le citoyen contre un changement desdites valeurs (exemple : vous avez prêté serment de respecter les valeurs de la République, et dix ans plus tard, le serment est changé au profit d’autres choses que l’on appelle « valeurs de la République ») ? Parce qu’après tout, une valeur, dans l’esprit des politiciens, est une notion finalement très molle et très floue que l’on peut changer au regard de la prochaine échéance électorale. La troisième est une question d’ordre temporelle, elle aussi : que faire des citoyens qui sont trop âgés pour avoir prêté un tel serment ? Va-t-on leur faire l’affront de requérir une telle prestation de leur part ? Va-t-on considérer qu’ils ne sont pas concernés, eux citoyens adhérents TOUS pleinement aux valeurs de la République, alors que leurs enfants, eux futurs citoyens nécessitant une profession de foi laïque pour se comporter aussi civiquement que leurs parents, le sont ? La quatrième question tient à la valeur même du serment : que vaut un serment obligatoire et prononcé par tout le monde sans exception ? La dernière question (qui me vient à l’esprit, la liste n’est pas exhaustive) est d’ordre pratique : est-ce vraiment par un tel serment que l’on va régler le moindre problème ?

Ce type de serment est une idée ridicule. Elle part du principe que sans « certificat de civisme », le Français n’en est pas vraiment un, puisqu’il refuse d’adhérer aux « valeurs » nationales. Un principe qui fait primer la collectivité sur l’individu, qu’elle ait tort ou raison. Qui refuse d’admettre que l’adhésion à de telles valeurs puisse être normale, quasi-inconsciente, ne nécessitant pas de procédure particulière. Qui avoue, l’air de rien, qu’il faut bien expliciter ce que sont ces valeurs puisqu’on ne peut plus vraiment les observer en observant simplement la loi.

  Un serment, pour moi, a toujours été une histoire de conscience, un problème individuel d’ordre quasi-religieux. La plupart du temps, lorsqu’on l’exige de vous, c’est que l’on accorde une très grande confiance à votre sens moral. Ce genre de chose n’a rien à voir avec la citoyenneté: cela procède alors d’une forme de défiance à l’égard de ceux dont on doute de la véracité du sentiment national (s’il existe).

  Je conçois aisément que l’on puisse se sentir (très) irrité à la vue de jeunes (et de moins jeunes) Français se proclamant plus Algériens ou Marocains (ou Népalais) que Français, tout en continuant à bénéficier des avantages extraordinaires liés à leur nationalité et pouvant (rien ne dis qu’ils le font, chacun est libre de ce côté là) bénéficier de ceux liés à la citoyenneté. MAIS l’établissement d’une version moderne du certificat de civisme ne changera rien. Il va seulement transformer un engagement solennel en promesse sur laquelle il ne faut pas compter: la définition exacte du serment d’ivrogne (merci Larousse-80’s)

mercredi 28 septembre 2011

Rituel

Comme l’année passée, je vous livre le détail des “droits d’inscription”:

- Droit de scolarité: 229€ (en hausse)

- Droit de Sécurité Sociale Etudiante: 203€ (en hausse)

- FSDIE: 16€ (en hausse)

- Droit de médecine préventive: 4,57 (au même niveau que l’an dernier)

  Payer 452,57€ ne me gêne pas (une fois que j’y pense, bien entendu). Mais payer 452,57€ pour une formation à 229€, si, ça me gêne. On a beau nous servir des “Ne pas voter provoque des troubles de l’élection” et autres idioties durant les élections étudiantes: ni l’UNI, ni l’UNEF ne permettent aux étudiants d’échapper au fameux Fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes, ni de payer par eux-mêmes et indépendamment de l’université leur assurance-maladie, ni même de ne pas choisir ce qui devrait être “l’option médecine préventive”. Le tout en sachant qu’une liste libérale en Université, c’est comme un trader communiste: impossible.

Etudiantes, Etudiants, on vous ment, on vous spolie…

samedi 3 septembre 2011

Le bon gouvernement et le mauvais gouvernement

  Le président de la République se refuse, apparemment, à parler de “rigueur”. Sur ce point nous sommes d’accord: il est incorrect de considérer un gouvernement qui s’obstine à ne pas réduire la dépense publique comme étant un gouvernement rigoureux. Le plan proposé ne vise même pas à ramener les finances à l’équilibre: il ne s’agit que d’éviter un dérapage du déficit (soit un dérapage du dérapage).

  Le “plan de rigueur”, c’est une batterie de mesures tendant à augmenter les recettes. Belle idiotie, et faute lorsqu’il s’agit de transformer par la force les comportements de citoyens libres n’affectant pas autrui. Le tabac va ainsi augmenter de 6% en octobre, puis de 6% à nouveau en 2012, rapportant… 600 millions d’euros supplémentaires par an. Pour lutter contre l’obésité, le gouvernement va créer une accise spécifique en janvier 2012 sur les boissons sucrées. Objectif: 120 millions d’euros supplémentaires pour le Monopole. Mais le beurre et le foie gras sont épargnés. Une taxe sur les alcools forts devrait rapporter 340 millions de plus l’an prochain. Mais pas touche au vin, au rhum et aux “productions régionales” : il faut quand même que l’alcoolique puisse accéder à sa piquette pas chère. Seuls les consommateurs occasionnels de vodka posent des problèmes au Monopole.

  En plus de ces mesures tendant à faire de nous des citoyens vertueux et sains de corps (sains d’esprit, c’est fait, Chirac a créé la HALDE et l’Educ’Nat est toujours là), il faut ajouter des mesures plus classiques: hausse du “forfait social” (ineptie prélevée sur l’épargne salariale, donc sur la fraction du salaire qui nous échappait déjà) nous amenant à un doublement en 2 ans, pour 400 millions de plus; relèvement des taxes sur les complémentaires santé (comment ça, le Monopole rembourse mal?), pour 1,1 milliard; hausse des prélèvements sur le capital en hausse (on préfère qu’il baisse); suppression et atténuation de dérogation sur la CSG; intégration des heures supplémentaires dans le calcul des aménagements de charges sur les bas salaires; atténuation de dérogations aux banques; “coup de rabot” sur les niches fiscales (suppression-pas question!); taxation des plus-values immobilières; limitation du report de l’IS pour les entreprises; contribution “exceptionnelle” sur les contribuables riches de 3% sur les sommes excédant 500 000€.

  Ce genre de “plan” différencie un bon gouvernement d’un mauvais. Le mauvais gouvernement espère récolter 12 milliards d’€ en accentuant la pression fiscale, et parle d’”économies”. Le bon gouvernement économise vraiment. Se sachant endetté, il n’organise pas le G8, ni le G20, et sauve 60 millions d’€. Il ne dépense pas 20 millions d’euros pour le programme “Egalité entre les hommes et les femmes”, et sauve 418 millions d’euros en supprimant la mission “Sport, jeunesse et vie associative”. Il privatise France Télévision, ne subventionne pas le passage à la TNT ni les radios: voilà 549 millions d’€ qui ne sortiront pas de caisses vides. Il ne subventionne plus la presse, qu’il libère, et abandonne la chimérique “action audiovisuelle extérieure”: 514,8 millions économisés. Il refuse de soutenir les exportations d’armes, qui coûtent 20 millions d’euros à la nation. Il supprime le CESE: 37,5 autres millions. Il cantonne l’action du ministère de la culture à la conservation du patrimoine culturel: il évite le sacrifie de 1,87 milliards d’euros.

Il restreint son rôle dans l’”économie de l’Agriculture” à la gestion durable des pêches (histoire d’éviter que des écolos nous bourrent le mou) et à la gestion des crises et aléas de production: au moins 1,8 milliard sauvés. Il ne prétend plus faire de l’Etat le grand ordonnateur de l’aménagement du territoire: 302 millions. Il privatise le financement des partis politiques: 80 millions. Il renonce à la mission “Outre-mer”: 1,35 milliard de moins. Il cesse de financer une politique de la ville idiote et contre productive: 624,2 millions d’euros.  Il laisse aux professionnels qui en vivent le soin de s’occuper du tourisme: 51 millions. Il épure la “diplomatie culturelle et d’influence”: 200 millions. Il laisse le “développement et l’amélioration de l’offre de logements” au secteur privé: 541 millions. Il supprime le programme “Développement des entreprises et de l’emploi”: 1 milliard sauvé, et l’opportunité d’une réforme en vue.

  Ainsi, sans réformer le système de retraite, sans toucher à la SNCF, en conservant presque intacts les systèmes de notre société socialiste, le bon gouvernement arrive déjà au même résultat que le mauvais, la frustration en moins et la morale de son côté. Et encore, il ne s’agit que d’un gouvernement timide, qui se borne à toiletter une toute petite partie de la loi de finances…