mardi 4 août 2009

Coup de blues...

Je vais avoir 20 ans (c'est pour moi une tragédie), et très sincèrement, je vis dans un pays qui parfois me déprime. L'Etat est surdéveloppé, l'administration ne me donne jamais l'impression d'être humaine, la classe politique m'écoeure, et les gens me lassent... Toujours à attendre que l'Etat vole à son secours...

L’Etat est un fléau, car il utilise pour parvenir à ses fins la coercition à l’encontre de ses citoyens. Cependant, ce fléau est nécessaire, car à l’heure actuelle il est illusoire de croire que les individus pourraient s’autolimiter et s’autogérer. Penser que l’Etat n’aurait plus vocation à exister, c’est croire que les individus pourraient eux-mêmes décider de ne plus s’entre-tuer, de ne plus convoiter les biens de leurs voisins et en somme de ne plus bafouer les libertés des autres individus. Ce serait en fait admettre que l’axiome « ma liberté s’arrête là où commence celle de mon voisin » serait traduit en acte, inscrit dans la conscience de tous les individus.

L’Etat est donc par essence un fléau nécessaire : il permet de garantir les libertés fondamentales de chaque individu en exerçant les fonctions de police, de défense, de diplomatie ou de justice. En retour, il fait payer ses services à chaque citoyen, transformé à cette occasion en contribuable : c’est le fondement de l’impôt. Dans la théorie, il prélève la juste somme de façon égale sur chaque citoyen, pour ne léser personne. Mais apparemment l’Etat « moderne » ne répond plus à cette définition. De fléau nécessaire, il est devenu fléau pour une part non-négligeable superflu. Il s’occupe maintenant de s’assurer du bonheur, de la prospérité de chacun des citoyens, que ce dernier le veuille ou non : il gère son environnement, prend aux uns pour redonner aux autres sans justification raisonnable, détermine parfois les prix de certains biens pour les faire correspondre aux vues de ses créatures, gère directement certaines activités sous couvert de « service public » (dont la définition n'est jamais claire), impose la solidarité à tous… L’Etat s’est mué en « grand ordonnateur » de la société civile, en faisant payer à cette dernière ce nouveau rôle au prix fort. La santé, le travail, l’environnement, la culture, le logement, l’éducation, la jeunesse, le sport, les retraites, l’Histoire même : il n’y a presque plus rien qui ne soit passé sous la coupe de l’Etat-providence, qu’il conviendrait finalement de renommer Léviathan. En parallèle, il n’y a presque rien qui ne soit pas taxé et réglementé par l’Etat. Pourrait-il en être autrement ? Certainement. Mais l’alternative fait peur, elle est redoutée, à la fois des servants de l’Etat et des citoyens que l’on a patiemment asservi. Cette alternative se résume à un mot, tout simple : liberté. Elle se structure par le corollaire de celle-ci, la responsabilité. Et implique une notion semble-t-il oubliée : l’Etat anorexique. L’Etat restreint dans les domaines de compétences où il est légitime et où il ne peut en être autrement du fait de l’incapacité des individus de s’autogérer.

Le système de la liberté a l’avantage de laisser l’individu seul maître de ses choix, en suivant sa propre échelle de valeurs, pourvu qu’il respecte un ordre public qui pourrait se résumer par le refus de voir quiconque outrepasser les droits d’autrui. L’argent prélevé sur la fortune de l’individu par la puissance publique ne sert qu’à s’assurer que les droits de chacun seront respectés. Pour le reste, libre décision ! Si la société ne supporte pas de voir quelques uns de ses membres sombrer dans un état de misère (le mot est tellement plus frappant et moins aseptisé que « précarité »), et qu’elle autorise une atteinte au principe de l’Etat minimal, elle peut toujours mettre en place des solutions certes intrusives et gourmandes en argent public, mais tellement plus mesurées que dans l’assistanat à grande échelle mâtiné d’égalitarisme et de haine des riches : il suffit qu’elle se souvienne qu’une société inégalitaire mais assurant à chacun de ses membres un état de prospérité suffisant est plus efficient qu’une société prétendument égalitaire ou la majorité des membres ont sombré dans la pauvreté. Et en conséquence, elle peut prélever un peu plus sur l’ensemble de la collectivité pour financer des centres d’hébergement d’urgence, pour financer des aides individuelles et non des aides à des structures, tout en s’assurant que des contreparties existent. Il n’est pas besoin qu’elle s’embête à créer des barrières et protections dites « sociales » artificielles, qu’elle permette l’entretient d’une véritable armée de fonctionnaires, qu’elle réglemente toute la vie des citoyens, qu’elle s’occupe de leur culture ou de leur retraite, qu’elle entretienne une « politique de l’emploi » du reste inefficace…

Dans ce système de la liberté, même dilué par une certaines aspiration à la générosité, la Sécurité sociale « à la française » n’existerait pas (pour mon plus grand bonheur) : chacun pourrait choisir qui va l’assurer, pour quel montant et pour quelles prestations. Le salaire versé par l’employeur correspondrait à la réalité du travail effectué, sans « salaire minimum » unique décidé par une élite politique si prompte à la démagogie en temps d’élection, ni prélèvements sociaux parfois honteusement qualifiés de « cotisations » : à chacun de décider, une fois ses impôts (minimaux) versés, où placer son argent, c'est-à-dire que consacrer à sa santé, à sa retraite, à sa consommation… L’Etat ne subventionnerait pas en pure perte des activités déficitaires par souci idéologique : le consommateur déciderait. Ses représentants ne s'endetteraient pas sur mon dos en attendant qu'une crise qu'ils ont en partie provoquée s'apaise. Le chef de l'Etat ne lancerait pas de "GRAND" emprunt national pour masquer 30 ans de non-gestion des finances publiques. La chose politique ne se soucierait que d’ordre public, la législation ne se préoccuperait par exemple pas de savoir si la prostitution est conforme ou non aux mœurs, se contentant ne sanctionner que les atteintes au consentement de personnes libres. On ne chercherait pas à interdire le cannabis ou le voile parce que cela ne plaît pas à une certaine catégorie: on les réglementerait de façon à ce que la liberté concorde avec les droits des autres.

Bref : on laisserait les gens tranquilles. Et moi avec.

1 commentaire:

christiane a dit…

Bravo, tout simplement !