mercredi 31 décembre 2008

Jusqu'à quand?


Cela chauffe de nouveau au Proche-Orient. Israël mène depuis samedi une campagne de bombardements d’une rare violence. « Plomb durci », le charmant nom de l’opération, aurait fait 367 tués et plus de 1700 blessés palestiniens. La rue arabe s’enflamme, et les manifestations se multiplient dans le monde occidental. Hier, le porte-parole de l’armée israélienne a évoqué publiquement la possibilité d’une invasion terrestre, ce dont on ce serait douté au vu des chars massés à la frontière, les 6 500 réservistes israéliens mobilisés et la déclaration de « zone militaire fermée ». De son côté, le Hamas continue l’envoi des roquettes Qassam sur le sud d’Israël, et a procédé par l’intermédiaire des brigades Ezzedine Al-Qassam au recrutement de 1 000 nouveaux membres, ce qui porte le nombre d’hommes prêts au combat dans la bande de Gaza à 15 000. Les chancelleries européennes se mobilisent, et appellent à un cessez-le-feu permanent et respecté, assorti d’un accès humanitaire. Comme s'il suffisait de cela pour régler la question.

La condamnation d'Israël est très facile lorsque l'on habite à Paris. Tout comme le sont les appels à la "modération" (il faudra m'expliquer le concept de riposte "mesurée") ou au cessez-le-feu. Si l'on examinait les raisons de l'attaque, au lieu de tenter de calmer le jeu de manière automatique?

Israël subit de façon continue des attaques de roquettes en provenance du territoire libéré de toute présence israélienne depuis septembre 2005 (on note une exception à l'été 2006 lors d'une intervention militaire). La vie est devenue infernale à Sdérot (qui vit au rythme des alarmes; lorsque cette dernière retentit, les habitants ont 20 secondes pour se mettre à l'abri), et désormais les villes d'Ashdod, Ashqelon et BeerSheva ne sont plus épargnée. Plutôt que de s'attacher à développer une société civile prospère, le Hamas préfère acquérir des armes et titiller son puissant voisin (preuve de son irresponsabilité). Rien n'y fait: ni les ponctuelles représailles, ni le blocus pourtant dévastateur n'arrêtent le désastre. Que reste-t-il à faire, sinon menacer de faire entrer les chars et affaiblir le Hamas en visant ses biens et ses partisans (bien qu'il faille cependant déplorer la mort de nombreux civils innocents et d'enfants)? Cette action est légitime, et la communauté internationale (et plus particulièrement les européens) devrait plutôt que d'appeler à un cessez-le-feu durable se pencher sur les causes profondes de l'escalade de la violence, en se demandant jusqu'à quand Israël devra subir les actions de son turbulent voisin. Si Israël impose un blocus et intervient, ce n'est pas de gaieté de coeur, mais bien pour répondre à des impératifs sécuritaires.

(crédit photo, si jamais elle s'affiche, ce qui n'est pas sûr: Haaretz)

mardi 16 décembre 2008

Triste machine arrière

C'est fait. On peut quasiment dire que la réforme de la classe de seconde est enterrée. En voyage à Ramallah, Xavier Darcos a annoncé son report. En language politique, cela veut dire que le texte retourne dans les cartons pour ne plus jamais en sortir. Pourtant, autant la réforme de l'école primaire était mauvaise, autant celle de la seconde était une bonne réforme. Il suffit que nos amis lycéens se mettent à braver le froid et à sécher les cours (rappelons qu'ils désirent pourtant défendre leur propre éducation... Bande d'hypocrites motivés par un trop-plein hormonal), pour que le gouvernement recule sur un texte crucial. Quel désastre...

Cette réforme d'inspiration libérale prévoyait notamment d'instaurer une plus grande liberté de choix dans les matières et un parcours plus personnel. Elle était attrayante: une organisation en 2 semestres, une semaine de 31h30 de cours (divisée en 22h30 d'enseignements généraux -le "tronc commun", 6h de modules - les "enseignements complémentaires", et 3h d'accompagnement personnalisé). Et en prime, à mi-parcours de chaque semestre, un conseil de classe où les élèves pourront faire le point avec leurs professeurs, ainsi qu'un véritable conseil de classe à la fin du premier semestre pour aborder l'orientation. Concernant le tronc commun, il est composé du français, des mathématiques, de l'histoire-géo, des SES, de la physique, des SVT, de 2 langues vivantes et du sport (contrairement à certaines rumeurs persistantes).

Concernant les modules, la réforme prévoyait le choix de 2 modules par semestre pour chaque étudiant (1 module = 3h par semaine durant tout le semestre). Dans les modules, beaucoup de choix, avec notamment: grac, latin, langues étrangères ou régionales, littérature française, arts et histoire des arts, mathématiques, physique, physique-chimie, SVT, informatique, SES, histoire géo, technologie...

Les (stupides) étudiants -pardons lycéens - qui manifestent le font-ils en connaissance de cause? Sûrement pas, vu les bêtises phénoménales entendues dans le bus, le train, la rue, devant la machine à café et aux abords des lycées (abords obstrués par des poubelles placées sciemment...). Il ne me reste plus qu'à leur souhaiter une bonne nouvelle année d'inertie du système scolaire, une réussite trompeuse et du bonheur dans le médiocrité militante. Ils se sont rapprochés dans ces manifs. Au moins la réforme avortée a eu du bon (commentaire amer).

réforme ICI

jeudi 4 décembre 2008

L'automobile propre est un leurre (I)

La voiture propre est à la mode en ce moment, esprit "Grenelle" oblige. On l'imagine solaire, à air comprimé, électrique, j'en passe et des meilleures. Malheureusement, même "verdie", l'automobile individuelle reste un bien nocif. Envisageons le cas des automobiles utilisant l'éthanol ou tout autre agrocarburant (ex-biocarburant pour les médias).
(Evreux. Mon bus, zi ONE... La Madeleine par Jean Moulin XD)
Cette fausse bonne idée a été très à la mode ces derniers temps, avant que l'on ne la pointe du doigt (légitimement). Elle est simple. On produit à partir de plantes un carburant. C'est séduisant: la ressource de base est renouvelable, non-fossile, elle peut pousser presque partout (ce qui évite d'importer ce liquide visqueux et noir de régions instables ou de contrées hostiles), elle maintient des emplois dans les territoires ruraux, et tout le CO2 émis par la combustion dans un moteur thermique de voiture est absorbé, dans la théorie, durant la croissance des plantes. Une équation "propre": émission de CO2, fixation par la plante, utilisation, re-émission etc... On peut produit le fameux nectar à partir de maïs, de colza (habitant Evreux, je suis habitué à voir sur mes bus "Je roule au Colza"... tsss), le tournesol, le jatropha, la canne à sucre, le palmier à huile,... Bref: des cultures généralement maîtrisées depuis longtemps.

SAUF QUE cette idée est une impasse

- Impasse, car la production en masse entre en concurrence avec les cultures vivrières. Entre manger et faire le plein, je vous laisse deviner ce qui a ma préférence. C'est logique: ce qui est consacré à la voiture, c'est ce qui ne sera absent du marché alimentaire. Moins de production (à surface constante voire en régression, urbanisation/désertification oblige) = hausse inévitable des prix. Les conséquences directes sont peu attrayantes: de la viande bien plus chère (le bétail se nourrit de quoi?), des céréales (donc le pain!) bien plus chères, des milliers d'affamés de plus, des émeutes de la faim parfois, le tout pour continuer à utiliser la voiture.

- Impasse, car une telle production de masse aurait des effets TRES négatifs pour l'environnement. Les engrais utilisés (sans condition de mesure, on ne produit plus pour alimenter les humains!) relarguent dans l'atmosphère quantité de cochoneries, lessivent les sols durablement (je n'ai rien contre une "aide" humaine à la nature, mais là, c'est de l'abus); les milieux naturels sont directement menacés (ainsi, la dégradation de ses tourbières par l'Indonésie, qui mise sur cet "or vert" pour se développer plus encore, émet une quantité énorme de CO2 chaque année, annulant ainsi tout bénéfice écologique) par la déforestation (pour planter directement ou réinstaller des éleveurs chassés) et la monoculture.

- Impasse, car en se passant des services de l'Arabie saoudite on va créer un nouveau cartel de l'or vert, qui dictera comme l'ancien ses prix au monde (la concurrence? Qu'est-ce que c'est, au regard des milliards de billets à amasser et ne pas redistribuer?). La solution sera alors comme autrefois d'utiliser le "contre-cartel" de l'AIE, qui nous incitera à moins consommer (histoire de bien peser sur des prix trop gonflés).

- Impasse, car si nous nous abstenons tous de manger, on ne pourra faire effectivement rouler que 40% du parc automobile. C'est médiocre, vu l'effort.

- Impasse, car la combustion de l'agrocarburant ne produit pas que du CO2 (ce serait bien trop simple): on peut citer les COV, qui lorsqu'ils décient de se réunir forment de l'ozone, cette arme de destruction massive anti-asmathiques.

- Impasse toujours, car le coût humain et social pour rouler aux agrocuarburants est bien trop lourd: pas dans les nations du Nord, non, mais dans celles qui émergent. On imagine tous ces quasi-esclaves, payés misérablement pour un travail inhumain de coupe ou d'entretient des précieuses cultures. On imagine aussi ces milliers de paysans affluant dans les villes (plus que d'habitude) ou errant en quête d'une terre, parce que leur région d'origine ne leur permet plus de cultiver ce qu'ils pourraient manger.

Là encore, j'en passe et des meilleures, la liste n'est pas terminée... Et peu même être précisée par des CHIFFRES et des FAITS...