lundi 15 février 2010

"Votation citoyenne"

 La mode est lancée: pour s'opposer, il faut faire voter! Certaines organisations lycéennes ont appelé les lycéens à participer à une consultation citoyenne. Pour se prononcer sur quoi? Sur les réformes réelles ou fantasmées du ministre de l'éducation nationale. Je ne vais pas ici me prononcer sur les réformes en question, mais bien sur le vote: ce n'en est justement pas un. C'est un semblant de vote, institué par des organisations politiques, constitué de questions biaisées et elles-mêmes politisées. Exemple de choix proposés aux lycéens:
"des profs à la sauce Sarko, moins nombreux, moins formés" et "les moyens d'obtenir un diplôme qui permet de s'en sortir"; "un lycée qui s'adapte uniquement aux besoins du marché" ou "un lycée ou c'est toi qui choisi ta filière"; "la concurrence entre lycées d'élites et lycée ghettos" et "une carte scolaire qui garantit l'égalité".
  Tout y est: tutoiement, phrases simplistes, choix biaisé. Quant à la justification:

Le Gouvernement prétend réformer. Mais il mène des politiques qui suivent des logiques de rentabilité, de concurrence et de méritocratie élitiste que nous refusons.
Les 3 millions de lycéens sont appelés à voter et porter leur voix dans les débats. Ils sont appeler à choisir entre deux visions de l’éducation. D’un côté celle du gouvernement qui s’enfonce jour après jour dans sa logique comptable, et de l’autre côté celle d’une École de la République gratuite, démocratique, garantissant un véritable droit à la réussite pour tous.
  Comme s'il existait un "droit" à la réussite pour tous (il n'existe selon moi que le "droit", et encore, de ne pas être entravé dans sa réussite éventuelle), et comme si la démocratie, mode d'organisation politique, avait sa place dans l'enseignement...
  Ce faux scrutin, tout comme son ancêtre relatif à la Poste, me rappelle ceci:

dimanche 14 février 2010

Scepticisme

On dit des sceptiques qu’ils nient le changement climatique, et qu’ils sont au rebours des résultats scientifiques et qu’ils vont laisser, si on les laisse faire, un monde peu enviable à nos enfants. Parce que je ne supporte plus cette hystérie environnementale (je dois avouer pourtant que j’ai participé à son établissement), et parce que je pense avoir affiné ma vue des choses depuis ce post du 13 septembre 2008, je vais ici tenter de vous faire part de mon sentiment.

Tout d’abord, je pense que les résultats d’études scientifiques ne sont pas par eux même faux. Ils sont et restent valides jusqu’à ce qu’on les affine ou qu’on les infirme. Ce n’est pas cela que je critique (du moins, pas le fait que des résultats scientifiques peuvent exister). Ce que je reproche en premier aux écolos, c’est d’interpréter le résultat d’études scientifiques de façon à en tirer un schéma complet d’organisation de la société (type « décroissance », « éco-villes »,…). Dans le même temps, ils réfutent ou plutôt minimisent la portée de résultats de toute nouvelle étude qui pourrait ne serait-ce que paraître infirmer ceux sur lesquels ils sont fondés (cela mettrait à mal tout le schéma conçu) ; ils dénigrent – parfois violemment – tout sceptique osant émettre une esquisse de critique ; enfin, ils étouffent simplement d’éventuels scandales touchant la méthode des études scientifiques qui leurs servent de base (je devrais dire ici « justification », parce qu’il me semble que ces écolos ne sont pas toujours à la traîne des « avertissements » de la « science »).

J’ai parlé de résultats d’études scientifiques. Ce n’est qu’en partie vrai ; en effet, les écolos type « vindicatifs » ne se basent pas uniquement sur ce qui est, mais aussi sur des projections à long ou moyen terme elles-mêmes fondées sur ce qui est actuellement observé et ce qui a été observé, autrement dit sur ce qui peut être. Il n’y aurait aucun problème si nous prenions de telles projections pour elles-mêmes, à savoir des possibilités, si les faits qui leurs servent de base étaient suffisamment significatifs, si la méthode utilisée pour les établir étaient exempte de vices, et si elles pouvaient être librement critiquées et révisées. Mais ça n’est pas le cas. De possibles, elles sont devenues probables, et de probables, certaines. Alors même qu’il y a conflit sur les faits pris en compte, sur l’interprétation (uniquement dans un sens apparemment) des phénomènes passés, qu’il y a des critiques virulentes sur la méthode utilisée, les projections sont largement diffusées et prises pour un futur prévu. De telles projections, ainsi que les résultats scientifiques justifiant les appels au changement de l’organisation de la société, alimentent un deuxième problème, celui du traitement politique de la question environnementale.

C’est là mon deuxième reproche aux écolos : l’utilisation de la chose politique pour parvenir à leurs fins. Ils parlent aujourd’hui de « récupération politique » de l’écologie ; mais il ne fallait pas tendre la perche avec le concept de l’ « écologie politique » ! Ils sont devenus aujourd’hui meilleurs amis : le pouvoir agit dans une logique de « défense de l’environnement », l’opposition critique cette façon de faire et en propose une plus efficace, les écologistes les renvoient dos à dos en prêchant la bonne parole. Les répercussions politiques de l’hystérie écologistes se basent sur le même discours, sur les mêmes données partielles et projections, mais ajoute quelque chose de plus au tableau : des mesures ! Des mesures, des règlementations, des législations, des dispositifs, des « outils » juridiques ! C’est là une constante du politicien, du moins chez beaucoup d’entre eux : il a besoin de légiférer, pour exister. Le sujet de la règlementation est un prétexte ; il pourrait s’agir de la défense du pouvoir d’achat comme de la taille des graines de tournesol présentes sur le marché. Avec la question de l’environnement, le politicien a des avantages : il a devant lui un monde nouveau, il peut promettre un monde nouveau qui ne sera rendu possible que par son action bienveillante. Il se glorifie de s’en soucier (alors qu’hier encore il se riait du problème), en fait un combat politique, le combat de sa vie. Et il en vient à proposer des mesures, restreignant toujours plus la liberté, tout en demandant à ce qu’on le proclame sur tous les toits. Le principe de précaution ? Il présente un inconvénient majeur pour l’innovation et limite la liberté, mais « c’est bon pour la planète », donc il nous est possible de le faire savoir. On dédie à la cause verte un ministère, on attribue à ce dernier la charge de mettre en application la théorie du « développement durable »,… Cette capacité à restreindre petit à petit la liberté est inhérente à beaucoup de politiciens, et c’est justement ce qui fait que l’introduction de l’écologie en politique est dangereuse.

Il y a cependant quelque chose de plus dangereux que la « politisation » de l’écologie, à savoir le traitement médiatique de la défense de l’environnement. Et les répercussions de ce même traitement médiatique dans l’opinion publique. Un traitement qui sélectionne ce qu’il faut ou ne faut pas dire lorsque l’on parle d’écologie, qui nous livre du « prêt à penser » de manière uniforme quel que soit le média utilisé, et qui favorise l’ « écologisation » de chacun d’entre nous (j’utilise ce mot à défaut d’autres termes, que les personnes qui considèrent l’écologie comme une science plutôt que comme un mouvement politique n’en soient pas choquées, il n’est pas dans mon intention de confondre les deux, mais de distinguer une science du courant idéologique qui se fonde sur certains de ses éléments). Il faut sauver la planète, détester les patrons capitalistes pollueurs car capitalistes ; le réchauffement climatique ne peut qu’être causé par le mode de vie malsain de l’être humain,… La « vérité » officielle dont nous sommes abreuvés du soir au matin me donne maintenant la nausée, car on ne s’y prend pas moins bien pour lobotomiser une société entière. Par cet aspect, plus que les autres, l’écologie (il faudrait que je choisisse un terme plus adéquat ; mais je trouve qu’écologisme c’est laid) à un fascisme vert. Pour amener le fascisme brun, on insistait sur la haine de l’étranger, des éléments « impurs », sur la nécessité de l’ordre ; pour donner au fascisme rouge un côté sympathique, on pointait du doigt les inégalités sociales, on parlait d’un monde meilleur, on stigmatisait les patrons et tout ce que l’on prenait pour des accapareurs. Pour amener le fascisme vert, on a une sorte de stratégie inconsciente évitant soigneusement de présenter toute voix dissidente (enfin pas totalement, certains sceptiques connus sont visibles, audibles, mais c’est un mouvement récent…), pour servir les intérêts d’ anti-mondialistes, de socialistes dégoutés de l’échec de leur croyance qui ont trouvé un nouvel idéal à défendre, de rentiers fort peu désintéressés, de politiciens (la peur est un excellent moyen pour se faire élire ou conserver son poste). Voici ce que je peux noter de cette stratégie appliquée par différentes personnes avec des fins différentes pour vous convaincre :

1. la présentation de faits scientifiques « neutres » et sans appel sur l’état du monde.

2. l’utilisation du « consensus » de gens plus expérimentés sur une question comme moyen de faire taire la critique.

3. l’absence d’intérêt des personnages militant pour la cause verte.

4. la culpabilisation et la critique du modèle de la « société de consommation ».

5. la peur, au travers de la sauvegarde des générations futures.

6. l’utilisation de l’argument économique (le fameux rapport Stern).

7. l’occultation médiatique de tout sceptique et de toute controverse.

8. les attaques ad hominem de tout sceptique et de tout dissident.

9. la dénaturation des arguments des sceptiques et des dissidents.

10. l’instrumentalisation de la jeunesse. (bientôt des enfants dénonçant la présence d’une baignoire dans la maison? ça me rappelle le vol de nourriture au kolkhoze)

  Je suis aujourd’hui moins sensibles à cette stratégie inconsciente (je n’apprécie pas les théories du complot « tous contre moi » sauf concernant l’administration de ma fac), parce que j’ai assez tenté de rallier le plus grand nombre aux convictions écologiques fascisantes en utilisant ces mêmes arguments. J’ai moi aussi pesté contre ces insupportables « adultes » qui allaient me laisser, j’en étais convaincu, une planète en ruines. J’ai déjà acclamé, comme les écolos qu’aujourd’hui je ne supporte plus, la prise de mesures « environnementales » par le pouvoir. Mais que voulez-vous, l’adolescence a besoin de causes en lesquelles croire (le mot est bien choisi, car c’est désormais à cela que l’écologie ressemble le plus). Et plus c’est en opposition avec le monde des adultes, plus cela promet des lendemains qui chantent, mieux c’est. D’ailleurs, j’en ai conservé des traces : je n’aime pas l’énergie nucléaire, je ne considère pas que gaspiller parce que le réchauffement climatique d’origine anthropique n’existe pas est vertueux,… Mais, dès que j’ai soumis ces convictions à la critique, je me suis rendu compte de ce qu’elles étaient : un dogme infaillible et incritiquable, fort utile aux rentiers pour faire tourner le plus longtemps possible leurs éoliennes non-rentables autrement, aux déçus du marxisme pour faire triompher leur idéal de société organisée et planifiée, et aux conservateurs pour conserver le pouvoir. Et, comme j’ai abandonné le conservatisme pour lui préférer le « système des principes » et de la liberté, je suis lentement passé d’écologiste passionné à sceptique aimant la nature. Les deux sont différents : le second soumet ce qu’on lui dit à la critique lorsque le premier s’en passe aisément, en se contentant de la formule magique : consensus. Cela fait qu’aujourd’hui, je me sens comme un marxiste après l’insurrection de Budapest, partageant la responsabilité d’avoir rendu son courant appréciable et enviable, mais averti des méfaits que constitue une adoption telle quelle et dénuée de critique de celui-ci, et tentant de mettre en garde le reste d’une opinion en voie de lobotomisation.